Lors du conseil des ministres de ce jeudi 4 juillet, le Gouvernement wallon s’est accordé sur une « révision » du cadre de référence et de la cartographie éolienne approuvés en février dernier. Les aménagements apportés sont censés mieux prendre en compte le respect du cadre de vie des riverains et de la biodiversité. Dont acte. Mais on espère que, conformément à ce qu’affirment les ministres concernés, ce nouveau rebondissement dans la saga de l’éolien wallon ne portera pas préjudice à l’atteinte des objectifs renouvelables de la Région à l’horizon 2020…
En février dernier, après plusieurs mois de consultations et de négociations, le Gouvernement wallon avait réussi à s’accorder sur un cadre de référence actualisé définissant les contraintes d’implantation et assorti d’une cartographie spatialisant celles-ci. L’ensemble des zones réputées favorables reflétait la faisabilité d’atteindre un productible de 4500 GWh, objectif fixé 2 ans plus tôt. Cette avancée importante n’avait toutefois pas apaisé les préoccupations de divers acteurs dont les communes consultées ce printemps sur la cartographie avant une phase d’enquête publique prévue à la rentrée.
Sur base de recommandations formulées par le rapport d’incidence sur l’environnement et de remarques émises par certaines communes, d’importantes modifications au cadre et à sa cartographie ont été présentées ce 4 juillet au Gouvernement wallon. De potentiels impacts visuels et sonores sont minimisés d’une part, en augmentant la distance à la zone d’habitat qui passe de 450m à 600 m et, d’autre part, en relevant le niveau d’exigence de la norme de bruit. Celle-ci, fixée précédemment à 45 dBA de jour comme de nuit et en toute saison, a été abaissée et modulée avec un plafond de 40 dBA en été et de 43 dBA le reste de l’année. Par ailleurs, de nouvelles dispositions protégeant la biodiversité permettent de répondre aux préoccupations relevées tant par les naturalistes que par le Conseil Wallon de l’Environnement pour un Développement Durable (CWEDD). Le niveau de contraintes a ainsi été relevé pour des éléments importants de la structure du réseau écologique en Wallonie, entre autres les plateaux agricoles accueillant une avifaune inféodée à ce milieu.
In fine, les divers éléments de cette révision amputent le territoire susceptible d’accueillir le grand éolien de 15 000 ha et diminuent le productible visé de 700 GWh. Ce ne sont donc plus que 3800 GWh qui devront être produits par l’éolien onshore en 2020. Le Gouvernement wallon, qui a confirmé son objectif de 8000 GWh d’électricité renouvelable produite sur sol wallon à l’horizon 2020, assure que le 700 GWh «perdus» seront compensés par la production du photovoltaïque et de la biomasse. Là encore, dont acte. Pour cette dernière filière, toutefois, Inter-Environnement Wallonie attend que des gages de durabilité soient suffisamment démontrés, notamment dans la stratégie wallonne « biomasse énergie » qui doit sortir prochainement.
On ne peut évidemment que saluer la volonté du Gouvernement wallon de prendre en compte les préoccupations des communes et des riverains (dont certaines ont d’ailleurs été relayées à travers la position de la Fédération sur le cadre éolien). Il faut maintenant espérer que les nouvelles contraintes intégrées dans le cadre de référence permettront une meilleure acceptabilité des projets par les riverains et lèveront leurs craintes/plaintes systématiques. Il est en effet plus que temps de sortir des oppositions de principe pour entrer dans un débat serein sur les grands et vrais enjeux de la transition énergétique.
A cet égard, la Fédération espère que la révision à la baisse de l’ambition éolienne n’affectera pas le respect des objectifs renouvelables pour 2020, à savoir un potentiel de production de 8000 GWh d’électricité et une part de 20% dans la consommation finale d’énergie. Ce jalon est indispensable pour lancer la Wallonie vers un approvisionnement 100% renouvelable en 2050 et IEW invite l’exécutif wallon à créer le climat favorable indispensable pour y parvenir. Cela passe , entre autres, par la fixation d’objectifs ambitieux par filière et des mécanismes de financement clairs évitant les effets spéculatifs.