En 2015, une nouvelle halle de marché a été ouverte sur le site de l’Abattoir à Bruxelles. Au « FOODMET », vous trouverez des aliments venus du monde entier présentés sous un même toit dans des dizaines de stands de nourriture, dont de nombreuses boucheries. Au sommet de cette halle, des aliments sont produits dans une « ferme urbaine ». Ce bâtiment à plusieurs niveaux a été doté d’une forme flexible et reconnaissable tout en béton, conçue par le bureau « ORG Permanent Modernity ».
C’est une véritable expérience que de visiter le site de l’Abattoir d’Anderlecht pendant un jour de marché, le vendredi ou le week-end. Au centre du site se trouvent les halles historiques, un gigantesque espace couvert où vous trouverez les marchandises les plus diverses. Tout à côté, en plein air cette fois, se trouvent des rangées de tables avec des piles de fruits et de légumes. À son étal, un commerçant épluche le maïs sur place ; au suivant, un vendeur vante la fraîcheur d’énormes grappes de raisins et de mangues. Même sous un ciel gris, vous pouvez facilement vous imaginer dans le Sud.
Un lieu de rencontre
Ce marché très populaire est, de plus, situé dans le quartier multiculturel de Cureghem-Anderlecht. Pour les nouveaux arrivants dans notre pays, cet endroit est souvent le premier lieu public de rencontre. La nouvelle halle en béton, qui sert de toile de fond à l’impressionnant marché aux fruits et légumes, s’inscrit dans cette perspective. Le design du FOODMET est monumental, et donc reconnaissable pour toutes les cultures sans aucune référence à des symboles particuliers. Le FOODMET est une traduction contemporaine de la typologie de l’entrepôt urbain. De plus, malgré son caractère monumental, il dégage aussi beaucoup de convivialité, notamment à l’intérieur, où les portiques en béton rappellent les galeries couvertes. La lumière du jour pénètre au cœur du bâtiment par un atrium couvert. Le FOODMET accueille plus de 50 stands proposant viandes, poissons, volailles, légumes, fruits, olives, pain, fromages, épices… La structure est constituée de panneaux de béton préfabriqués disposés sur une grille, à intervalles fixes. Cela rend le bâtiment très flexible, de sorte qu’il peut facilement être utilisé à d’autres fins : parking, musée, maison, bureau ou espace public.
Un bâtiment robuste
Les panneaux de béton forment des porches, où colonnes et poutres sont réunies en une seule forme. Il existe quelques variantes au sein de ce système. Les panneaux sont en béton préfabriqué industriel, plutôt qu’en béton architectural afin de limiter les coûts. Néanmoins, le béton a été soigneusement et méticuleusement exécuté, avec des exigences esthétiques. Le caractère robuste correspond à l’apparence souhaitée du bâtiment, mais est également nécessaire pour son utilisation, pour laquelle il doit pouvoir résister à une manipulation un peu rude. Le rythme des portiques en béton structure la vie du marché à l’intérieur. Le FOODMET est plus que ce qu’il semble être à première vue. Ainsi, derrière les comptoirs de viandes et charcuteries se trouvent – à l’abri des regards – les boucheries. La plupart des visiteurs ne se rendront probablement pas compte non plus que de la nourriture est produite au-dessus de leur tête pendant qu’ils font leurs achats.
Une ferme dans la ville
Sur le toit, il y a un potager de 1.800 m² et une serre de surface égale pour la culture en aquaponie, qui combine tomates, basilic et poissons. La décision d’utiliser de manière aussi intensive le toit a été prise plus tard dans le processus de conception, après avoir reçu une subvention du FEDER. Bien sûr, la structure en béton a été recalculée pour que la stabilité du bâtiment et la capacité de charge du toit soient suffisantes. Les 4.000 m² de surface de toiture et certaines installations techniques, comme un monte-charge jusqu’au toit, faisaient de toute façon du FOODMET un lieu extrêmement approprié pour cet usage complémentaire.
Le choix de l’agriculture urbaine au sommet du bâtiment permet de faire d’une pierre deux coups. La recherche d’un terrain approprié dans un environnement urbain peut s’avérer difficile, soit parce qu’il est déjà affecté à une autre fonction, soit parce qu’il faut le remettre en état. En utilisant une partie du toit – des panneaux solaires étant installés sur les autres parties – on obtient la superposition ultime. Ce projet a un impact positif et une valeur ajoutée pour le FOODMET et le quartier. Il est ainsi possible de se concentrer sur la chaîne courte. Les légumes et les fruits de saison – ou plus exotiques : les températures élevées sur le toit permettent même de faire pousser des aubergines et des poivrons – ainsi que le poisson peuvent être vendus à proximité. La toiture inclut un espace restaurant avec une terrasse qui donne sur le jardin potager. La chaîne courte entre le producteur et le consommateur rend l’agriculture urbaine extrêmement durable, tout comme la récupération de l’eau de pluie et l’utilisation de l’énergie solaire. En termes d’énergie, l’agriculture urbaine est ici positive car la couche de terre et tout ce qui y est cultivé protègent le bâtiment sous-jacent de la surchauffe et du froid. La croissance et la floraison de tous les légumes et fruits contribuent en outre à la biodiversité urbaine.
Social et économique
Le potager est géré par l’Atelier « Groot Eiland », qui non seulement offre une utilité aux espaces ouverts grâce à l’agriculture urbaine, mais emploie également des personnes vulnérables pour travailler la terre dans le cadre d’un projet de formation et d’apprentissage social. C’est aussi une histoire intéressante d’un point de vue économique, puisque nous parlons d’une production d’environ 30 tonnes de poisson et de milliers de légumes et de fruits de saison par an. Le modèle économique de l’aquaponie combine la pisciculture ou aquaculture à l’hydroponie, qui produit des légumes, des fruits et des micro-verdures avec les racines directement dans l’eau.
Ce système est développé par la coopérative BIGH (Building Integrated GreenHouse), une société fondée par Lateral Thinking Factory Development, laquelle intègre ECF et TZervice – la première représente les fermes urbaines aquaponiques de Berlin et de Bad Ragaz, la seconde est une société spécialisée dans l’innovation alimentaire et agricole.
Une vision d’avenir
Le FOODMET n’est que le début d’un développement plus ambitieux du site. Le plan directeur « Abatan 2020 », conçu par le bureau ORG, veut renforcer la position de ce site en tant que pôle d’activités liées à l’alimentation en Belgique, et accélérer la transformation d’un abattoir industriel monofonctionnel en un environnement urbain mixte. Le plan prévoit un nouvel abattoir, une halle de marché couverte, des espaces pour des commerces, un parking et un programme résidentiel. La halle du marché couvert FOODMET est le premier bâtiment menant à la réalisation de cette vision à long terme. La superposition littérale du FOODMET, où une structure robuste en béton est couronnée par de l’agriculture urbaine, est un exemple de développement urbain durable qui présente des avantages pour les personnes et la nature et qui, espérons-le, sera reproduit ailleurs.
En savoir plus
Arnaud Tandt, Ir. -arch., est chargé d’animer le point d’info « InfoBeton » en partenariat avec la FEBELCEM, Fédération des Cimentiers belges. https://architectura.be/nl/partners/2651/febelcem https://www.febelcem.be/
InfoBeton : « Chez infobeton.be, nous sommes convaincus que le béton peut contribuer à une société circulaire et neutre en carbone. Combiné à un faible entretien, le béton est incontournable pour le développement d’infrastructures de mobilité douce et d’énergie renouvelable car il offre des solutions fiables à très long terme. Au niveau des bâtiments, l’inertie thermique du béton permet de diminuer la consommation d’énergie grâce à une gestion naturelle et robuste du confort thermique. Ses qualités en matière de résistance mécanique, d’acoustique et de résistance aux incendies le rendent idéal pour la densification des logements et la conception de bâtiments avec des usages multiples.
Si l’empreinte climat du béton belge est une des plus faibles au monde, il n’en reste pas moins que l’industrie continue à investir à tous les niveaux de sa chaîne de valeur pour en faire un matériau neutre en carbone et de mieux en mieux intégré dans l’économie circulaire. » https://infobeton.be/