Le monde associatif, pilier de nos démocraties, est plongé dans l’incertitude  

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Lettre ouverte aux Député·es wallon.nes 

Concerne : réaction des fédérations représentant le monde associatif par rapport aux annonces de définancement du secteur prévues dans les budgets wallon et de la Communauté Française Wallonie Bruxelles. 

Mesdames et Messieurs les Député·es, 

Une des principales réductions budgétaires annoncées par les nouveaux gouvernements wallon et de la fédération Wallonie-Bruxelles touche les « subventions facultatives ». L’économie porte sur 60 millions € pour la Région wallonne et 5 millions pour la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais qu’est-ce qu’une « subvention facultative » ? Lors de la présentation de son budget, le Ministre-Président Dolimont stipulait que cette réduction visait les subventions « n’étant pas inscrites dans un cadre décrétal ou réglementaire » (qui totaliserait 180 millions selon Adrien Dolimont). 

Mais en pratique, nous souhaitons vous rappeler que derrière ce terme peu valorisant de « subventions facultatives » se cachent des milliers d’emplois menacés dans un secteur très intensif en travail… Et un secteur essentiel, aussi. 

Un rôle central dans les politiques sociales et environnementales 

A l’heure où la crise environnementale se rappelle à nous à coup d’inondations et de tempêtes, où le niveau de bien être diminue et les inégalités au niveau EU augmentent, à l’heure où les droits fondamentaux qui représentent les valeurs socles sur lesquelles repose notre société sont bafoués, y compris par l’Europe, le Gouvernement wallon choisit de retirer les moyens de subsistance des réseaux de travailleurs et de bénévoles  qui se consacrent à défendre ces droits. 

Dans notre pays, l’État a confié de nombreuses missions au monde associatif comme par exemple : éduquer et sensibiliser la population aux grands enjeux et défis auxquels notre monde doit faire face ; garantir l’accès au logement ou à une vie plus digne aux Wallon·nes les plus pauvres ; innover et expérimenter en matière de politiques sociales et environnementales dans le cadre de projets pilotes… 

Les associations s’acquittent d’ailleurs – des audits réguliers le rappellent – de ces missions avec efficacité. Leur financement et leur fonctionnement sont strictement régulés par un contrôle de l’administration et des obligations de rapportage. On est bien loin de financements « du fait du prince » comme on a pu l’entendre dans la presse. 

La nécessité d’un financement public 

Si l’État doit financer les associations, c’est parce que sans moyens publics, notre travail est impossible. C’est, en effet, une autre caractéristique de notre mouvement : ceux que nous défendons – l’environnement, les plus démunis ou les générations futures – n’ont pas de moyens financiers à nous octroyer pour les défendre.  

D’autres pays comme les États-Unis ou la Chine n’ont pas cette société civile institutionnalisée et organisée, parce qu’ils estiment que l’État ne doit pas financer ses contre-pouvoirs.  

En Europe, au contraire, la démocratie repose entre autres sur la vitalité de ses corps intermédiaires aujourd’hui menacés et sur l’idée géniale selon laquelle un État démocratique, pour fonctionner de manière juste, a besoin d’une critique puissante et organisée.  

C’est le seul moyen d’éviter toutes les déviances d’autoritarisme ou de déliquescence de la démocratie que nous constatons de plus en plus partout dans le monde, comme l’élection américaine vient de le rappeler. Une critique et des solutions portées par des acteurs qui défendent l’intérêt collectif et non les intérêts particuliers seront plus que jamais cruciales pour jeter les bases de notre prospérité actuelle et future, un pays prospère évoluant harmonieusement entre plafond environnemental et plancher social. 

Nous avons besoin de clarté ! 

Nous comprenons la difficulté dans laquelle se trouvent les finances publiques, mais nous estimons que faire peser près d’un quart de l’effort budgétaire wallon sur le monde associatif est disproportionné et inefficace pour répondre aux défis auxquels nous devons faire face demain. Comme toutes les entreprises, nos associations ont besoin de pouvoir se projeter dans le prochain exercice budgétaire. Aujourd’hui nous savons juste que le Gouvernement entend retirer 65 millions de nos financements mais sans rien savoir des modalités… 

Nous demandons dès lors que les « subventions facultatives » que le Gouvernement envisage de réduire soient évaluées avec les acteurs, de manière objectivée, avec pour optique d’offrir au plus vite de la prévisibilité aux acteurs associatifs. Il en va de la pérennité d’un monde associatif qui n’a rien de « facultatif ».  

Veuillez agréer, Mesdames et Messieurs les Député·es, nos salutations respectueuses. 

Canopea Directrice générale Canopea ; Fédération des associations environnementales Sylvie Meekers 
Concertes Secrétaire générale Concertes ; Concertation des organisations représentatives de l’économie sociale Benedicte Sohet 
Réseau idée Directeur général Réseau Idée ; Réseau des associations actives dans l’ éducation relative à l’Environnement Christophe Dubois 
CODEF Directrice CODEF ; Fédération et coordination patronale des services sociaux, culturels et environnementaux.  Rose Marie Arredondas 

Crédit image d’illustration : Adobe Stock

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