En adoptant ce matin à une écrasante majorité le rapport sur la protection de la santé contre les perturbateurs endocriniens, le Parlement européen signale sa préoccupation et sa volonté de voir l’Union européenne renforcer son cadre légal sur cette question. Inter-Environnement Wallonie (IEW) et Health and Environment Alliance (HEAL) se réjouissent de ce signal et attendent de la Commission un suivi actif des demandes du Parlement.
Les liens entre l’exposition aux perturbateurs endocriniens et le développement de certaines maladies sont de plus en plus fréquemment pointés du doigt. En février dernier, un rapport conjoint de l’OMS et du PNUE intitulé « The State of the Science on Endocrine Disrupting Chemicals 2012 » synthétisait les informations disponibles sur le sujet et pointait les relations mises en évidence entre ces substances et le développement de troubles de la reproduction, atteintes au système nerveux, cancers (notamment du sein et de la prostate). Ce rapport interpellait par ailleurs sur le risque de sous-estimation des impacts des perturbateurs endocriniens sur la santé humaine ainsi que sur la nécessité de réduire autant que possible l’exposition des citoyens.
En adoptant ce matin le rapport présenté par la députée suédoise Asa Westlund, les parlementaires européens ont montré leur bonne compréhension des enjeux. Leur vote appelle ainsi à une refonte systématique de la législation et des politiques européennes de manière à ce que, d’ici juin 2015, les lois existantes soient modifiées et éventuellement complétées pour gérer adéquatement la problématique des perturbateurs endocriniens. L’exigence de tests permettant d’identifier correctement ceux-ci devrait également contribuer à une meilleure protection des individus, plus particulièrement durant les périodes de vie de grande vulnérabilité. Le Parlement « demande à la Commission de réviser sa stratégie sur les perturbateurs endocriniens afin qu’elle assure une protection efficace de la santé humaine en mettant d’avantage l’accent sur le principe de précaution […] et de travailler, le cas échéant, à réduire l’exposition humaine aux perturbateurs endocriniens » (paragraphe 18 du Rapport).
Les associations de protection de la santé et de l’environnement saluent la position du Parlement européen et particulièrement sa reconnaissance de la nécessité pour l’Union de définir une politique de gestion des substances chimiques qui prenne à bras le corps les problématiques des périodes de plus grande vulnérabilité et de l’effet cocktail. La stratégie européenne se doit de tenir compte de la réalité : nous sommes confrontés quotidiennement aux perturbateurs endocriniens et il est nécessaire d’agir avant que le dernier scientifique, la dernière entreprise ou industrie fabriquant des produits chimiques reconnaisse la relation entre cette exposition et les taux croissants de maladies liées au système endocrinien.
Sur bases des données existantes, un certain nombre d’Etats-membres de l’Union ont déjà choisi de légiférer sur les perturbateurs endocriniens en vue de protéger la santé publique. Il importe désormais que l’ensemble des Etats prennent pleinement leurs responsabilités et, selon les cas, initient, maintiennent ou amplifient cette action. En ce qui concerne la Belgique, c’est l’amplification qui devra être à l’ordre du jour.