Le retour de la pub dans la matinale de la Première (RTBF) : une mesure rétrograde

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La ministre des Médias, madame Galant (MR) ne verrait pas d’un mauvais œil que la publicité commerciale fasse son retour dans la matinale de la Première, sur la chaîne publique francophone. A l’heure où notamment le GIEC préconise dans son dernier rapport qu’il est nécessaire de réguler la publicité en tant qu’incitant à une surconsommation néfaste à la santé, à l’environnement et à l’équité, l’initiative (d)étonne. L’argument financier est suspect, sachant que l’argent de la publicité peut, dans de nombreux cas, être assimilé à de l’argent à l’odeur douteuse. Proposition de Canopea (ex IEW).

De très nombreuses études le démontrent : la publicité commerciale est génératrice d’externalités négatives affectant la qualité de vie et le bien-être collectif. Elle est en effet (attention, la liste est longue) : rétrograde, aliénante, invasive, antidémocratique, inégalitaire, discriminatoire, lénifiante et dangereuse pour la santé. Et, comme le résume Andrew Oswald, professeur d’économie et de sciences du comportement à l’université de Warwick : « notre étude menée sur un échantillon de plus de 900.000 citoyens dans 27 pays européens montre que, en doublant les dépenses publicitaires, on aboutit à une baisse de 3% du bien-être ».

D’un point de vue politique, les initiatives destinées à réduire la présence massive de la publicité sont particulièrement peu nombreuses, la plupart des partis estimant que la publicité est un mal nécessaire. Mais, faire marche arrière sur une mesure acquise est… stupéfiant.

L’argument financier est pour le moins suspect. Démontrons-le par deux exemples. Le Conseil Supérieur de la Santé a remis un avis édifiant et d’une qualité exceptionnelle sur l’influence négative sur la santé des enfants de la publicité commerciale pour les aliments malsains et les sodas. Cette influence négative est plus forte sur les enfants de milieux défavorisés. Il préconise donc, sans être écouté à ce jour, l’interdiction de cette publicité. Les revenus issus de ces publicités ont dès lors une odeur peu agréable, car ils contribuent à cette détérioration de la santé des jeunes. Il en va de même pour l’argent issu des publicités pour des automobiles : le secteur privilégie la pub pour les modèles puissants, rapides, à la face avant massive et de plus en plus lourds. Ces véhicules sont les plus dangereux et les plus polluants.
L’argent généré par ces publicités est donc loin d’être « propre ».

Aussi, nous suggérons à la Ministre des Médias de faire preuve d’initiative, de courage et d’originalité en osant enfin mettre sur pied, avec notamment les acteurs de la société civile, une politique promouvant une régulation progressive de la publicité commerciale en commençant par l’interdiction de celles pour les produits nocifs pour la santé, le climat et la biodiversité. De nombreuses villes montrent l’exemple : soutenez-les ! Et suivre les préconisations du GIEC est indubitablement une preuve de courage politique, mais aussi d’empathie pour ce qu’auront à vivre les générations futures.

Pour en savoir plus : tous les arguments avancés dans ce communiqué de presse sont développés dans le dossier de Canopea : La fin programmée de la publicité commerciale. Ce dossier intègre la position officielle de Canopea sur le sujet.