Le sapin de Noël reste un incontournable des fêtes de fin d’année dans la plupart des foyers. Mais quels sont les impacts de cette culture pas comme les autres ?
De plus en plus de terres agricoles sont allouées chaque année à la culture de sapins, majoritairement en Ardenne. Ces cultures remplacent des prairies qui sont, chez nous, les espaces les plus accueillants pour la biodiversité. De plus, les techniques agricoles utilisent énormément de produits phytosanitaires sur des monocultures très vastes. Nous passons donc d’un paysage hétéroclite riche en biodiversité vers un paysage uniformisé où plus rien ne pousse en dehors des sapins. La proximité de ces cultures avec les habitations posent beaucoup de question également pour la santé humaine.
Initialement, les sapins de Noël étaient cultivés par des agriculteurs sur de petites parcelles qui permettaient de faire un petit profit supplémentaire en fin d’année car le sapin Noël est très rentable. Des plus grandes sociétés agricoles ont compris cela et rachètent à des prix exorbitants les terrains qui ne sont, dès lors, plus disponibles pour produire des aliments. Cela augmente énormément le prix à l’hectare des terres agricoles qui ne sont désormais plus accessibles aux jeunes qui souhaitent s’investir dans une agriculture nourricière. Sur les 4 dernières années, les prix sont passés de 13.000 à 20.000 euros l’hectare en province du Luxembourg pour des terres assez pauvres ne permettant principalement que des prairies pour l’élevage. Or c’est la province, avec celle de Namur, qui a connu la hausse la plus importante. Ces prix ne permettent plus à l’élevage traditionnel d’être rentable.
En 2015, la surface agricole destinée à la production de sapins de Noël était estimée à environ 3200 ha dont 97% dans les provinces de Namur et du Luxembourg. Mais il est fort probable que ces chiffres officiels soient largement sous-estimés car l’Union Ardennaise des Pépiniéristes (UAP) estimait déjà ce chiffre à plus de 4000 ha en 2013 et ces surfaces ne font qu’augmenter. En 2020, entre 3,5 et 5 millions de sapins ont été commercialisés dont environ 80% pour l’exportation, principalement en France mais parfois jusqu’en Russie et au Japon ! La Belgique est le deuxième pays européen exportateur de sapins de Noël, derrière le Danemark.
Parmi ces millions de sapins produits chaque année, nombreux sont ceux vendus en pot ou en motte. Intéressant pour garder les sapins frais plus longtemps mais cela implique une exportation des premiers centimètres de terre arable plus fertile et augmente les risques de ruissellement et d’érosion.
Il n’existe actuellement aucun label qui assure une production écologique de sapins de Noël mais 3 Groupes d’Action Locale (GAL) de la province du Luxembourg y travaillent. Les GAL Haute-Sûre Forêt d’Anlier, Ardenne méridionale et Nov’Ardenne se sont réunis autour d’un projet de production de sapins de Noël en gestion différenciée. Les pistes envisagées ciblent la suppression des herbicides via des couvertures de sol, du désherbage mécanique ou du pâturage, la réduction des insecticides en favorisant les prédateurs naturels de ces insectes, l’intégration paysagère par l’ajout d’alignements d’arbres ou de haies et l’optimisation de l’utilisation d’engrais par des analyses de sol. Si certains agriculteurs et sylviculteurs sont prêts à s’engager pour l’environnement et la biodiversité, il est indispensable que le consommateur suive, notamment pour ces sapins de Noël qui seront peut-être moins touffus que les sapins classiques.
L’asbl Terre-en-vue, qui travaille sur l’accès à la terre pour les jeunes agriculteurs, sensibilise depuis de nombreuses années le grand public sur cette problématique. L’asbl organise chaque année un concours du plus beau sapin de Noël créatif et durable, 100% récup’ et 100% garant de nos terres nourricières pour tenter de gagner un week-end à la ferme. Pour participer à ce concours, envoyez une photo de qualité de votre création à sapins@terre-en-vue.be avant le 31 décembre en indiquant votre nom et un souhait pour 2022.
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