D’après une récente étude, le potentiel touristique des Ardennes, toutes frontières confondues, serait réel, voire même exceptionnel. À condition toutefois de mieux l’exploiter, en l’ouvrant par exemple à de formes de tourisme novatrices, à l’instar de l’écotourisme.
À la demande conjointe des représentants de la promotion touristique de la province de Namur, des fédérations touristiques des provinces de Liège et du Luxembourg, mais aussi de leurs alter-ego français et grands-ducaux, Joël Gayet, directeur du bureau d’études CoManaging, a réalisé une étude sur le potentiel touristique de l’Ardenne.
Fort de l’expertise de paysagistes, sociologues et historiens, notre spécialiste du marketing touristique s’est d’abord essayé à établir un « profil identitaire » du massif ardennais. Il s’est également appuyé sur une enquête réalisée auprès de 930 clients habituels et autres amoureux de l’Ardenne authentique.
L’Ardenne : un modèle de développement durable en devenir
Les conclusions de Joël Gayet sont en somme assez flatteuses pour le massif ardennais. Et de citer l’identité puissante de celui-ci, ses atouts réels, positivement exceptionnels et, enfin, une situation géographique privilégiée avec potentiellement 66 millions de visiteurs à moins de trois heures.
Mais, toute médaille ayant un revers, le spécialiste y déplore le faible renouvellement de clients, l’absence de grands sites ou événements majeurs, des prix plutôt élevés et, enfin, la faiblesse de thèmes porteurs tel l’écotourisme. Pour remédier à ces faiblesses, le grand ponte du marketing touristique appelle à « faire de l’Ardenne un modèle de développement durable et le poumon vert de l’Europe de l’Ouest », et cela en passant par la création d’une marque « Ardenne ».
Il ne reste plus qu’à espérer que nos autorités prennent la balle au bond, engageant ce patrimoine touristique – voire même la destination Wallonie en elle-même – dans une réelle perspective de durabilité, soucieuse de garantir la viabilité environnementale, sociale et économique sur le long terme.
Le tourisme durable en Wallonie ? Peu mieux faire !
Bien que figurant clairement (et c’est une première !) dans la Déclaration de Politique Régionale (DPR) de la présente législature wallonne, force est de constater que le tourisme durable se laisse un peu désirer dans notre Région. Le Gouvernement wallon s’est en effet engagé à « promouvoir un tourisme, durable, attractif et accessible », et ce au travers de différentes politiques (ou mesures) parmi lesquelles figurent l’organisation du concours EDEN (Destinations européennes d’Excellence), la mise en ½uvre d’une Démarche Qualité avec, en corollaire, le développement d’un écolabel touristique, un soutien renforcé aux investissements économiseurs d’énergie et le recours à des modes de déplacement moins polluants (pour se rendre en wallonie ou sur place). Seulement, de la théorie à la pratique, il n’y a qu’un pas, qui n’est aujourd’hui que très partiellement fait par les autorités wallonnes, surtout si l’on compare à la politique menée au Nord du pays.
Certes, on peut dénombrer quelques avancées en la matière au Sud, avec par exemple la valorisation touristique tantôt des massifs forestiers (héritée du Ministre Lutgen, lorsque le tourisme figurait encore parmi ses attributions), tantôt des parcs naturels de Wallonie. Mais également des points plus noirs, comme par exemple la promotion du Grand-Prix de F1 à Spa-Francorchamps, prévue dans le cadre d’une campagne de séduction à l’égard des touristes étrangers…
La Flandre, bon élève
La Flandre, elle, n’a pas attendu la Wallonie pour développer une réelle politique de tourisme durable. La durabilité figure en effet à l’agenda touristique flamand depuis 2000 déjà. L’administration flamande en charge du tourisme, Toerisme Vlaanderen, se voit ainsi dotée d’une véritable cellule « tourisme durable ». Il revient, de ce fait, à Toerisme Vlaanderen de développer une politique touristique qualitative et durable qui permettrait de placer à terme la Flandre au rang des destinations touristiques durables. Outre cet objectif à plus long terme, l’administration flamande tend également à susciter le tourisme durable au travers de mesures concrètes, directement destinées au secteur touristique en lui-même. Celles-ci visent notamment à préserver les patrimoines naturel et culturel, à accroître la qualité de vie des destinations touristiques et à garantir l’avenir du secteur touristique.