C’est un million et demi € du plan GetUp Wallonia qui ont été débloqués pour la revalorisation du site naturel de l’aquascope de Virelles. Ce qui permettra de « sauvegarder la qualité biologique du site, son patrimoine naturel, de favoriser la présence des oiseaux et aussi d’améliorer l’expérience des visiteurs et des touristes ».
Depuis, la Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal, madame Tellier, annonce son intention de lancer un appel à projet pour la création d’un parc national en Wallonie. Le parc national est une catégorie d’aires protégées définie par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Cette catégorie allie un statut de protection fort des écosystèmes dans une aire généralement vaste avec la possibilité d’y déployer des activités faisant la promotion de l’éducation et des loisirs. Si l’idée est retenue dans le plan de relance européen, elle offrira une manne financière supplémentaire aux moyens existant pour réaliser les projets de la Déclaration de Politique Régionale (DPR) en faveur de la nature. Puisque ce ne sont pas moins de 105 millions qui ont été proposés pour la biodiversité et l’adaptation aux changements climatiques dans ce plan européen.
Sans ces plans de relance ces projets ne pourraient voir le jour ; et sans y associer l’eco-tourisme, ces futurs espaces ne bénéficieraient pas d’un statut de protection ou de moyens de restauration puisque pour être financés, ils devaient répondre aux exigences d’une relance économique.
La Convention sur la Diversité Biologiques (CDB) dans son examen de la réalisation des objectifs d’Aïchi précise à la fin de son rapport : « Selon le parcours actuel de maintien du statu quo, chacune des principales pressions conduisant à la perte de biodiversité et à l’épuisement des contributions de la nature aux populations continuera à augmenter »1. Plus loin, le rapport précise : « fléchir la courbe de la perte de biodiversité pourrait être possible, au moins pour certains indicateurs, mais cela nécessiterait un changement transformateur dans la manière dont la planète est gérée par les humains. ».
Sortir du statu quo c’est sans doute avant tout sortir de la vision économique avec laquelle nous gérons la planète. Et transformer en profondeur notre rapport à la nature, opérer un virage à 180 degré pour la regarder non plus pour ce qu’elle nous rapporte économiquement parlant mais pour ce qu’elle nous donne : la vie. Entrer dans un rapport anti-utilitariste à la nature c’est passer d’un cycle « prendre, refuser, garder » au cycle « donner, recevoir et rendre ». Malgré tout, l’eco-tourisme peut être une porte d’entrée pour ce changement culturel que nous devons collectivement opérer. En favorisant des espaces naturels accessibles à tous, près de chez soi, nous avons un peu plus de chance d’apprendre la nature, de la connaître et in fine de l’aimer pour la respecter et mieux pour la protéger.
Si ces actions peuvent amener une modification de notre rapport à la nature dans les espaces urbains, où la végétation pourrait exister en pleine terre et plus en pots, déborder des jardins pour entrer dans l’espace public, grimper sur les façades. Si cela pouvait nous amener à accepter de laisser des terrains en friche pour permettre à la vie d’y prendre place, nous ferions un pas dans le sens de la sortie du statu quo.
Si les bénéfices financiers de l’eco-tourisme dans les espaces naturels pouvaient financer des projets de restauration non-rémunérateurs ailleurs sur le territoire et doter les communes de personnel dans les services environnement où la mission prioritaire serait alors de préserver et restaurer les milieux à l’échelle communale, la sortie du statu quo serait bien enclenchée.
Afin de fléchir la courbe de perte de biodiversité la CDB insiste sur la nécessité de combiner et d’amplifier des mesures simultanées à tous les niveaux. Non seulement d’augmenter de façon importante l’étendue et l’efficacité des aires protégées, bien reliées entre elles. Mais aussi de maintenir la hausse des températures bien en de ça de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels de façon à ne pas écraser toutes les autres mesures prises pour la préservation et la restauration de la biodiversité. En y combinant des mesures importantes de lutte contre les pollutions, des modifications importantes de nos modes de consommation et de production, en adoptant des régimes alimentaires à base de végétaux, en développant une consommation modérée de viandes et de poissons ; etc.
Sortir du statu quo ce serait sans doute, décliner de façon prioritaire, dans toutes les compétences régionales, des objectifs climatiques et de biodiversité qui veillent à l’accès de tous aux ressources essentielles à la vie. Agir dans tous les domaines de compétences de la Wallonie ce serait combiner et amplifier des mesures favorables au climat et à la biodiversité.
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