La sortie d’un nouveau rapport montre que la Belgique est une société de plus en plus inégalitaire. C’est une très mauvaise nouvelle pour l’environnement.
Le constat : une société de plus en plus inégalitaire…
Avec le projet BE-Paradis, l’ULB, la KU Leuven et l’Université d’Anvers ont réalisé un énorme de travail d’analyse pour répondre à la question : vit-on dans une société (de moins en moins) égalitaire ? La réponse tient en quelques constats.
- Oui l’égalité de revenu recule en Belgique plus ou moins depuis 2009. Dans le graphe de droite, on voit que les « top 10% » c’est à dire les 10% de revenus les plus élevés avaient 25% des revenus en 2009 et aujourd’hui 33% des revenus. Dans un même temps, les 50% les plus pauvres faisaient pratiquement le chemin inverse…
- Cette hausse de l’inégalité de revenus semble s’être accélérée depuis la crise COVID même si on manque de recul.
- Les contributions sont un puissant facteur redistributif. Le graphe de gauche montre les inégalités de revenus avant impôt… Sans impôt les 50% les plus pauvres ont moins de revenus en 2022 que les… 1% les plus riches !
- Les impôts augmentent bien en fonction des revenus jusqu’à un certain seuil de richesse (jusqu’au 80% des plus riches, on dit que l’impôt est progressif). Mais ensuite le taux d’imposition diminue ! Ainsi, la charge fiscale totale des 1% les plus riches dégringole et est de 23% de leurs revenus tandis qu’elle est de 40% chez les 50% les plus pauvres.
La raison de cet enrichissement des plus riches tient au fait que les revenus du capital (loyer, dividendes…) ont augmenté. L’étude, d’ailleurs, ne regarde pas la répartition des patrimoines immobiliers et mobiliers qui sont un autre élément clé de l’inégalité. La Banque nationale de Belgique a publié en Janvier une étude sur l’évolution de l’inégalité de patrimoine qui montre que si 10% des ménages les plus riches possèdent 55% du patrimoine, la situation aurait de ce point de vue tendance à s’améliorer.
Ceci étant dit, notre pays reste un pays assez égalitaire par rapport au reste du monde et reste dans la moyenne européenne.
L’égalité, au cœur des luttes environnementales
Les liens entre la crise environnementale et l’égalité sont :
- La crise environnementale implique une transformation de notre modèle qui ne peut s’imaginer dans un système démocratique sans une cohésion sociale. Comment imaginer de demander des « efforts » à certains (moins prendre l’avion ?) si d’autres par leur mode de vie semblent s’émanciper de toute contrainte (Jet privé) ?
- En outre, il existe un lien évident entre niveau de revenus et le niveau d’empreinte environnementale comme le rappelle régulièrement OXFAM (1% les plus riches émettent 16% des émissions de GES mondiales) . Aussi les changements de modèle de consommation doivent avant tout viser les habitudes de consommations des classes les plus aisées.
- Plus grave, peut-être, les habitudes de surconsommation se diffusent dans la société au départ de la classe la plus aisée qui imprime donc la marche d’une trajectoire dont nous devons sortir pour maintenir une planète viable.
- Par ailleurs, les catastrophes environnementales touchent déjà en majorité les publics les plus précarisés/vulnérables alors qu’ils y contribuent le moins.
L’aspiration à l’égalité est donc clairement un objectif politique absolu du mouvement environnemental. Cela ne s’inscrit pas dans une logique woke ou bobo, et ne repose pas sur une quelconque idéologie, mais sur le fait simple, qu’au-delà de toute considération éthique ou morale, une transformation environnementale semble tout simplement impossible dans un monde inégalitaire.
A ce titre, les évolutions récentes constatées par l’étude BE-Paradis au niveau belge sont préoccupantes et constituent un recul sur notre capacité à opérer la transformation environnementale désirée.
En guise de conclusion un extrait des lignes directrices du memorandum de Canopea.
« Nous croyons que l’Europe, notamment au travers de la Belgique et de la Wallonie, doit être le laboratoire d’un nouveau système politique, social et économique qui respecte les limites de la planète tout en maintenant un haut niveau de prospérité, réparti de manière équitable. »
Crédit image d’illustration : Adobe Stock
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