Un Communiqué co-signé par Canopea, Natagora, Nature & Progrès et la SSMG (Société Scientifique de Médecine Générale).
L’enquête percutante diffusée ce 17 janvier par l’émission Investigation sur la RTBF révèle l’inquiétante exposition des agriculteurs aux pesticides, mettant en lumière des impacts sur leur santé encore peu étudiés chez nous. Les agriculteurs n’échappent donc pas aux risques et la situation de ceux et celles dont la santé est mise à mal par ces substances est dramatique et mérite toute notre attention. Une reconnaissance officielle des maladies causées par ces substances est indispensable.
Les professionnels sont conscients des dangers liés à l’utilisation des pesticides et formés pour se protéger – insuffisamment – de leur nocivité. A l’inverse, c’est sans le savoir que les les riverain·es des zones agricoles sont eux aussi exposés à cette pollution qui déborde largement des parcelles cultivées.
Plusieurs études menées par l’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP) montrent une présence généralisée des pesticides dans l’air à proximité des zones agricoles traitées. Lors d’une application de pesticides dans un champ, ceux-ci peuvent se déposer sur plusieurs dizaines de mètres, en dehors de la zone pulvérisée. Les retombées se font jusqu’à 48h après la pulvérisation affectant espaces naturels et zones d’habitations aux alentours.
Pour protéger les publics vulnérables de ces dépôts de pesticides, la législation actuelle impose des zones de non-traitement de 50 mètres de large, à proximité des écoles, des crèches, des hôpitaux et des maisons de retraite, dans lesquelles aucun pesticide ne peut être utilisé. Cette obligation ne concerne pas les habitations. Or, au printemps 2022, une campagne d’échantillonnage réalisée à domicile par Canopea et Nature&Progrès, a révélé la présence de pesticides d’origine agricole à l’intérieur de l’ensemble des maisons analysées qui étaient en bordure de parcelle cultivée. Un constat similaire a été fait dans de nombreuses autres études.
Pour Agathe Defourny, Canopea : “La législation actuelle ne protège pas les habitations. Comment justifier qu’un enfant soit considéré comme vulnérable et donc protégé des pesticides quand il est à la crèche ou à l’école mais pas quand il est à la maison ?”
Il y a actuellement sur la table du gouvernement wallon une proposition de loi qui permettrait d’étendre ces bandes de non-pulvérisation à l’ensemble des zones fréquentées par le public, y compris les habitations. Concrètement : des bandes de 50 m sans pesticides en bordure des maisons et jardins, mesure que nous soutenons pleinement.
Pour Virginie Pissoort de N&P : “Ce sont des produits toxiques, qui sont pulvérisés à proximité des riverain.e.s qui n’ont pas les moyens de se protéger. La législation actuelle doit être revue et mise en œuvre, efficacement”.
Malgré les récents scandales sanitaires en Wallonie, la prise de conscience de plus en plus aigüe que les citoyen·nes sont exposé·es à des pollutions multiples et le douloureux rappel de l’importance de respecter le principe de précaution, les discussions trainent au gouvernement wallon.
Il est crucial que le Gouvernement Wallon prenne ses responsabilités et protège les citoyen.ne.s des dérives de pesticides. On est ici face à un enjeu de santé publique.
En attendant le courage politique qui permettra l’adoption du texte, il est conseillé aux riverains d’appliquer quelques gestes de protection en période de pulvérisation (printemps-été) : fermer les fenêtres les jours de pulvérisation, ne pas faire sécher le linge dehors, nettoyer tout le mobilier extérieur avant utilisation (table de jardin, barbecue, toboggan,…).
Personnes de contact :
Agathe Defourny (Canopea) : 0477 98 35 72
Virginie Pissoort (Nature & Progrès) : 0478 49 66 84
Gaëtan Seny (Natagora) : 081 39 08 91