La couverture neigeuse assez exceptionnelle de cette année a manifestement éveillé de nouvelles vocations au Royal Saint-Hubert Club, la Fédération représentant les chasseurs de Wallonie. En ces périodes difficiles pour la faune sauvage, les chasseurs se sont profilés comme les meilleurs garants du bien être animal afin d’éviter des famines qui menaceraient le grand gibier. A les croire, GAIA aurait pu soutenir leur action et rejoindre leur fédération si ce n’est… que le nourrissage en ces périodes neigeuses n’est jamais que la continuation d’un nourrissage qui se perpétue pratiquement toute l’année sur certains territoires de chasse et qui culmine en pleine période de chasse.
Mais pourquoi donc ? Pour garder le gibier chez soi, pardi ! A quoi bon nourrir ces cochons sauvages s’ils s’encourrent dès la période de chasse venue sur le territoire voisin… Un nourrissage qui leur permet d’entretenir également les populations de grand gibier. Il n’est en effet pas rare de voir les biches au milieu des hordes de sangliers suivre le distributeur de maïs… Ce nourrissage permanent renforce la prolificité des laies et assure, par la même, de fructueux intérêts à leur capital sur 4 pattes. La chasse qui jouait autrefois le rôle de régulation des populations de grand gibier sauvage est devenue aujourd’hui son principal facteur de déséquilibre en entretenant des populations bien au-delà des capacités d’accueil de nos milieux naturels. La forêt et la biodiversité en pâtissent au profit d’une caste qui voudrait garder le monopole sur un élément clé de la gestion de près de 30 % du territoire wallon !
Deux associations membres de notre fédération ont dressé une analyse critique de la situation. Les Naturalistes de la Haute Lesse ont étudié en 2006 les impacts du nourrissage du grand gibier sur la biodiversité dans une analyse très fouillée sur les relation entre la gestion cynégétique et la biodiversité forestière (ci-jointe). Ils ont également réagit vivement à la communication du RSHCW sur le nourrissage du gibier (voir leur Communiqué de presse). Plus récemment, l’ASBL Solon a publié un ouvrage collectif « Regards de cerfs » qui, au départ d’une considérable analyse de terrain, propose des ébauches de pistes susceptibles de développer une meilleure harmonie entre le cerf et les grandes fonctions du milieu naturel, mais aussi entre le cerf et les différents acteurs de la ruralité, dans une logique de gestion réellement intégrée. Un livre qui aborde sans tabou la gestion de la chasse et dont la qualité est reconnue, hors de nos frontières, par le monde de la chasse…