Les consommations de carburant publiées par les constructeurs sont, en moyenne, 23% plus basses que les consommations en conditions réelles : c’est ce que révèle un rapport publié ce mercredi par la fédération européenne Transport and Environment (T&E) dont Inter-Environnement Wallonie est membre. Le rapport établit que l’écart entre les consommations – et émissions de CO2[Les émissions de CO2 sont directement proportionnelles à la consommation de carburant : plus un véhicule consomme, plus ses émissions sont élevées.]] –annoncées et réelles augmente ; en cause, la manipulation des tests officiels par les constructeurs.
Le document présenté par T&E inclut une comparaison entre deux séries de tests de six nouvelles voitures. D’une part, ceux réalisés par les constructeurs, qui utilisent des voitures spécialement préparées à cet effet, et, d’autre part, ceux menés par [un laboratoire indépendant, réalisés avec des voitures standard directement issues des chaînes de fabrication et sans chercher à exploiter les flexibilités existant dans les procédures de test.
Selon le rapport, les constructeurs disposent d’une vingtaine de manières de faire preuve de « créativité » en interprétant à leur avantage les procédures de test et en exploitant les échappatoires et flexibilités pour améliorer l’image « verte » de leurs voitures. A titre d’exemples, pointons : l’application de bandes adhésives pour fermer les fentes autour des portières, le surgonflage des pneus, l’ajustement de l’alignement des roues et des freins, l’utilisation de lubrifiants spéciaux, la diminution du poids du véhicule, la réalisation des tests en altitude, à des températures élevées et sur des pistes à la surface impeccablement lisse, etc[Un résumé sous forme graphique est joint en annexe et disponible [ici ]].
Le rapport conclut, en toute logique, que le régime de test actuel n’est pas satisfaisant et que les échappatoires qui existent dans la procédure devraient immédiatement être supprimées afin que les voitures et camionnettes neuves soient testées dans des conditions réalistes.
Pour Pierre Courbe, chargé de mission Mobilité chez Inter-Environnement Wallonie, « ces éléments prouvent que les constructeurs automobiles abusent les consommateurs en manipulant les tests officiels et en communiquant les résulats optimisés comme argument de vente. Les acheteurs piégés devront alors payer des milliers d’euros de factures de carburant supplémentaires ! Mais ils abusent aussi les législateurs, vu que les objectifs fixés par les règlements européens visant à abaisser les émissions de CO2 des voitures et des camionnettes neuves ne sont in fine respectés qu’en laboratoire et pas sur la route. La seule manière de rétablir la confiance et d’atteindre effectivement les réductions de CO2 imposée est de fermer les échappatoires dans les procédures de test. »
Depuis 2006, T&E demande que soit introduit un nouveau cycle de test, le WLTP (pour World Light duty Test Procedure – Procédure mondiale de test des véhicules légers) et que des contrôles soient réalisés sur les véhicules neufs afin de vérifier que leurs performances sont conformes aux résultats des tests des constructeurs. En vain…