Le déséquilibre « forêt-gibier » constitue un dysfonctionnement majeur de la gestion durable des forêts wallonnes. La Fédération a décidé d’interpeller l’ensemble des communes concernées par ce problème de « surdensité » de gibier en leur envoyant un courrier les sensibilisant à cet enjeu qui, s’il n’est pas pris au sérieux, pourrait mener à la perte de la certification PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes). Une vidéo de sensibilisation, réalisée par la Fédération dans laquelle les différents acteurs concernés – scientifiques, chasseurs, environnementalistes, propriétaires forestiers et mandataires politiques communaux – expriment leur point de vue, accompagne cette interpellation.
La Fédération a interpellé une centaine de communes wallonnes à propos de la certification forestière PEFC qui garantit la gestion durable de leur patrimoine forestier. En effet, un des manquements importants identifié lors de la révision quinquennale du « référentiel » PEFC, à savoir la question de l’équilibre forêt-gibier, ne semble pas faire l’objet des réponses adéquates, risquant ainsi de porter préjudice à la certification de leur forêts voire à la reconnaissance au niveau international de la certification wallonne.
Le processus de concertation (Forum PEFC) mis en place lors de la révision du référentiel en 2005 a identifié la question de l’équilibre forêt-gibier comme étant un dysfonctionnement majeur de la gestion durable de nos forêts. Ce problème a également été relevé et souligné lors de l’audit externe réalisé par Ecopass en 2005, en forêt publique notamment. Pour répondre à cette problématique, les acteurs impliqués dans le PEFC ont considéré qu’il fallait nécessairement passer par la mise en œuvre d’un programme régional de restauration d’un programme d’actions régional en faveur de l’équilibre forêt-gibier conjointement à la mise en œuvre-adoption de mesures à l’échelle des propriétés.
Il importe de relever que trois ans après l’adoption du plan de progrès du PEFC, cette problématique reste sans réponse sur le terrain et, ce, malgré l’analyse et les propositions concrètes adoptées par le Groupe de Travail équilibre « forêt – gibier » du PEFC (voir de larges extraits de ce document). Indépendamment de ces propositions émanant du PEFC, une table ronde organisée par le Ministre Benoit Lutgen a abouti à neuf recommandations consensuelles qui ne permettront pas d’améliorer la situation, ou alors à la marge. Les éléments essentiels pour gérer cette problématique n’y ont en effet pas fait consensus, à savoir : l’arrêt du nourrissage et l’implication des fédérations concernées (notamment notre fédération) dans la mise en œuvre des plans de tir.
Cette situation risque de poser préjudice à la certification des forêts. En effet, les insuffisances du cadre légal conjointement au manque de pro-activité de l’administration, peu encline à utiliser les moyens et recours mis à sa disposition, contribuent à faire reposer toute la pression sur la relation « chasseurs – communes », liant ainsi les intérêts à court terme de la commune (bail de chasse) avec ses intérêts à moyen et long terme (maintien de la certification et valeur des arbres produits). Un signal fort de l’administration, à travers notamment l’établissement de plan de tirs rigoureux, de sanction aux conseils cynégétiques récalcitrants, voire l’application par l’autorité publique des plans de tirs non réalisés permettrait de signifier la fin de la récréation même si cela ne permettrait pas de résoudre tous les problèmes, dont ceux liés aux densités des gibiers non sujets à un plan de tir (sangliers).
Outre, les points d’attentions presque systématiques sur la question de l’équilibre forêt-gibier lors des audits réalisés en forêt publique et privée, il importe de relever le cas de la Commune de Wellin dont la certification PEFC est actuellement suspendue. En mai de cette année, l’audit interne a relevé une non conformité car le déséquilibre forêt-gibier constaté en 2006 n’a pas fait l’objet d’une réponse adéquate (Voir en annexe 2 l’extrait de l’Audit interne réalisé sur la Commune de Wellin). La suggestion formulée en 2006 de saisir l’opportunité de la relocation de la chasse en 2008 pour interdire le nourrissage et procéder à l’abaissement des clôtures à 1,20m n’a pas été suivie d’effet. De même, la visite lors de l’audit en forêt a montré les conséquences de ce déséquilibre, qui entraîne le risque à long terme de perte de revenus et d’atteinte à la biodiversité et aux possibilités de diversification et de régénération de la forêt.
Ces manquements, s’ils sont pour certains de la responsabilité de la commune, sont aussi partagés par l’administration qui est garante du respect de la loi (la hauteur des clôtures, les sanctions au Conseil Cynégétique concerné). Par ailleurs, la question du nourrissage doit, de notre analyse, être réglée au niveau régional plutôt qu’au niveau de la propriété, par une urgente révision de l’arrêté du GW relatif au nourrissage.
Sans aller plus loin dans l’analyse et les solutions à apporter, IEW propose de visionner sa vidéo sur la question de l’équilibre forêt-gibier. Un enjeu au centre duquel se trouve la relation « commune – chasseur ». Son objectif est d’interpeller quant à la nécessité de régler le problème du déséquilibre actuel, dû à une surdensité des populations de cervidés et de sangliers en forêt. Cette situation a des conséquences importantes sur le maintien des écosystèmes forestiers, tant en terme de production sylvicole que de maintien de la biodiversité.
Cette vidéo décrit objectivement la situation existante, tant en ce qui concerne les causes de ce déséquilibre que des facteurs qui le maintiennent. Pour ce faire, ont été interviewé divers intervenants dont des scientifiques, des chasseurs, des environnementalistes, des propriétaires forestiers et des mandataires politiques communaux. La vidéo montre ainsi la difficulté pour les personnes impliquées, et notamment les communes, de sortir de la situation actuelle tout en se faisant l’écho des solutions proposées par les différents acteurs.
Il ne s’agit en aucun cas d’émettre une critique sur la politique actuelle mais bien de montrer l’impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, une impasse qui pourrait déboucher demain sur la suspension de la certification PEFC, à l’échelle de propriétés ou à l’échelle régionale.
La Fédération est convaincue que les communes peuvent donner un signal fort tant à l’administration qu’au gouvernement pour apporter rapidement les réponses adéquates à cette problématique.
Pour poursuivre cet objectif, il semble essentiel que cette vidéo puisse être visionnée par les conseillers communaux afin de susciter et d’alimenter le débat. La Fédération et ses associations se tiennent par ailleurs à votre disposition pour participer aux débats qui se tiendront dans votre commune.