Les renouvelables contribuent à la décarbonisation de l’Europe

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Que cela plaise ou non aux « renouvelables-sceptiques », le développement des énergies renouvelables et leur croissance au niveau européen est bel et bien un élément moteur dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un nouveau rapport d l’Agence européenne de l’Environnement (EEA) en atteste sans la moindre équivoque.

Alors que plusieurs pays ou régions, dont la Belgique et la Wallonie, tempèrent leurs ambitions en matière d’énergies renouvelables (EnR), il est instructif de mesurer les répercussions qu’ont les politiques renouvelables au niveau des Etats membres. C’est précisément ce que fait le rapport publié la semaine dernière par l’Agence européenne de l’Environnement permettant au passage de tordre le cou à certaines idées reçues.

Diminution des émissions des GES

L’étude estime que dans un scénario où le déploiement des EnR aurait été gelé en 2005, les émissions de gaz à effet de serre de l’UE auraient été, pour l’année 2012, 7% plus élevées. Ainsi, 326 Mtonnes de CO2 ont été évitées, et ce principalement dans le secteur ETS (77%), notamment celui de la production d’électricité. Cette moyenne européenne de 7% cache des disparités entre Etats membres avec des pays très performants, tel la suède et ses 28% et d’autres, nettement moins à l’instar de la Roumanie avec un petit pourcent… La Belgique est légèrement au-dessus de la moyenne avec 9Mt de CO2 évités en 2012, soit 8% d’économie par rapport à un scénario sans renouvelables.
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Sécurité d’approvisionnement

Avec une plus grande part de renouvelables dans son approvisionnement énergétique, l’UE réduit quelque peu sa dépendance aux importations d’énergies fossiles. Un avantage en termes économiques pour ses effets sur balance commerciale mais aussi en termes géopolitiques quand on sait que certains pays exportateurs sont en proie à l’instabilité. L’EEA a calculé que la production croissante d’EnR depuis 2005 a permis d’éviter la consommation d’énergies fossiles de 96 Mtep en 2012 (soit 7% d’économie) et 116 Mtep en 2013. Par ailleurs, certains détracteurs de la transition énergétique, notamment de l’ « Energiewende » opérée en Allemagne, qui affirment que l’abandon du nucléaire et sa substitution par les renouvelables entraînent une recrudescence du recours au charbon, trouveront dans ce rapport des chiffres qui les mettront dans l’embaras. Sans la politique européenne de développement des EnR, la consommation de charbon dans l’UE en 2012 aurait été supérieure de 13%, celle du gaz de 7% et celle des produits pétroliers de 4% (la substitution de ces derniers par les renouvelables étant moins évidente dans le secteur des transports). De la quantité totale de combustibles fossiles substituée en 2012 par les renouvelables, 43% sont des combustibles solides – principalement charbon – 28% du gaz et 22% des produits pétroliers. Le switch fossiles/renouvelables s’observe majoritairement dans le secteur de la production d’électricité (67% en 2012 et 73% en 2013). Comme beaucoup d’acteurs le dénoncent depuis un certain temps, ces chiffres confirment que le secteur de la chaleur renouvelable est actuellement le parent pauvre des politiques mises en œuvre.

Efficacité énergétique

La consommation d’énergie primaire au niveau de l’UE est en diminution depuis 2005. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance, notamment les efforts d’amélioration d’efficacité énergétique dans différents secteurs. Dans celui de la production d’énergie, les renouvelables y contribuent clairement. En effet, les centrales nucléaires et les centrales thermiques (sauf les cogénérations) ont un plus faible rendement comparé à la plupart des technologies renouvelables. L’étude estime ainsi que la substitution vers les renouvelables a généré une diminution moyenne de 2% de la consommation intérieure brute d’énergie de l’UE pour l’année 2012.

Conclusions

Ces résultats positifs ne doivent pas faire oublier que notre approvisionnement énergétique reste encore majoritairement basé sur les énergies fossiles qui continuent à contribuer aux changements climatiques, à la pollution de l’air… et à exercer diverses pressions sur l’environnement[[Ne manquez pas le dossier d’IEW sur les impacts environnementaux, sociaux et économiques des énergies fossiles en cours d’impression.]] . Avec un objectif de 20% d’EnR dans la consommation finale au niveau européen en 2020 et vraisemblablement 27% en 2030, il faudra maintenir un rythme de croissance soutenu pour que l’on atteigne 55% à 75% d’ici 2050 (selon l’Energy Roadmap 2050 de la Commission). Il s’avère donc plus que nécessaire de combler le décalage actuel entre les impératifs de décarbonisation (de -80 à -95% d’émissions en 2050) et le recul des ambitions en matière de renouvelables ressenti notamment au niveau de différentes entités du pays.

Gaëlle Warnant

Économie Circulaire