Ce n’est pas la première fois et, à défaut de mesures tout aussi fortes que courageuses, ce ne sera probablement pas la dernière… Ce jeudi, la presse relayait la suspension de la certification forestière PEFC de la Commune de Stoumont. Notamment en ligne de mire : un déséquilibre forêt-gibiers problématique.
En effet, aujourd’hui, de façon générale en Wallonie, les surdensités de grands gibiers constituent encore la principale menace sur la gestion durable des forêts privées et publiques wallonnes.
Hélas, l’histoire se répète ! Une nouvelle commune wallonne, Stoumont, s’est vue suspendre sa certification forestière PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes), un label de gestion durable de la forêt.
Le cas de Stoumont n’est pas isolé; d’autres communes – dont les revenus forestiers constituent pourtant une partie importante des recettes communales – ont connu le même sort par le passé. Souvent, un même coupable dans la lunette : le déséquilibre forêt-gibiers ou comment un certain monde de la chasse maintient des densités de gibiers incompatibles avec les différentes fonctions de la forêt. Déséquilibre entretenu notamment par la pratique du nourrissage du gibier. Les conséquences sont multiples : dégâts accrus à la régénération, à la biodiversité mais aussi à l’activité sylvicole avec l’impact économique généré en cas d’atteinte aux peuplements. Sans compter la perte sèche que peut représenter pour le propriétaire forestier la perte d’une certification forestière. En 2010, Inter-Environnement Wallonie avait déjà interpellé l’ensemble des communes concernées par ce problème de “surdensité” de gibier en leur envoyant un courrier les sensibilisant à cet enjeu lequel, s’il n’était pas pris au sérieux, pourrait mener à la perte de la certification PEFC. Outre le déficit de plans d’aménagements forestiers, le problème du déséquilibre forêt-gibiers est récurrent.
Moins de 20.000 chasseurs en Belgique, soit moins de 0,2 % de la population empêche la forêt wallonne de se préparer à une vitale résilience face aux dérèglements climatiques, à une préservation de la biodiversité.
Il y a là également une responsabilité politique écrasante des différents partis et de leurs ministres ayant eu la chasse dans leurs compétences au cours des 40 années de régionalisation de cette matière.
Combien de communes wallonnes devront être menacées de suspension et être ensuite pénalisées avant que des mesures soient enfin prises à l’échelon adéquat, celui de la Wallonie dans son ensemble ? Aujourd’hui, il convient de saisir l’opportunité d’agir à travers notamment deux bras de levier en cours de révision qui permettent de prendre des mesures ambitieuses pour tendre à cet équilibre forêt-gibiers:
- Profiter de la révision du référentiel PEFC wallon et des standards de gestion actuellement en cours pour intégrer un dispositif audacieux notamment en termes d’interdiction du nourrissage.
- Profiter de l’actuelle révision de l’Arrêté « nourrissage » piloté par le Ministre wallon de la chasse pour enfin prendre des mesures politiques pérennes et courageuses compatibles avec une gestion durable de la forêt dans ses aspects multifonctionnels – n’en déplaisent à certains partisans éventuels de pratiques cynégétiques d’un autre âge .
La législature actuelle divisant les compétences visées (forêt et chasse) entre deux ministres, ne facilitera sans doute pas la tâche, encore jamais résolue.
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