Pour combattre les problèmes de congestion automobile et de pollution de l’air, de plus en plus de villes prennent des mesures de limitation du trafic automobile. La fédération européenne Transport & Environment (T&E) vient de publier un rapport sur ces mesures dans 11 villes européennes. IEW saisit l’opportunité de cette sortie pour encourager les autorités communales, en cette année électorale, à aller de l’avant dans la mise en place de telles mesures pour protéger la santé de leurs populations et rendre leurs villes plus conviviales.
Dans un contexte où
les constructeurs automobiles ont pris de confortables « libertés » par rapport à la législation en matière de normes d’émissions de polluants ;
la Commission européenne a accepté de retarder l’introduction de normes en conditions réelles de circulation (RDE pour « real driving emissions ») ;
et les autorités nationales continuent à fermer les yeux sur ces pratiques, en ne faisant pas correctement usage de leurs compétences en matière d’homologation des véhicules et de surveillance du marché automobile ;
les villes deviennent des maillons essentiels dans la lutte contre la pollution de l’air induite par le trafic qui met à mal la santé de leur population. Elles utilisent à cette fin deux grands types de mesures : (a) les LEZ (pour low emissions zones : zones à faibles émissions) dans lesquelles seules les voitures les plus récentes (réputées plus « propres ») peuvent circuler et (b) les interdictions de circuler pour tous les véhicules diesel (avec parfois une dérogation pour les plus récents).
Ces mesures, qui sont certes utiles, risquent cependant de générer deux effets pervers :
D’une part redonner une « virginité » aux véhicules diesel les plus récents dont il est prouvé que seuls 10 à 15% respectent dans les faits la norme Euro 6 à laquelle ils sont conformes sur papier ;
D’autre part, transformer les villes de l’est de l’Europe (dans lesquelles circulent de nombreux véhicules d’occasion issus de l’ouest de l’Europe) en « poubelles » pour véhicules bannis.
Pour éviter ces deux écueils, il convient donc de mettre en place les garde-fous politiques, tels l’obligation pour les constructeurs de « rappeler » les véhicules en excès d’émissions pour les rendre conformes aux normes.
Les associations d’environnement insistent pour que le développement des mesures de restriction du trafic s’envisage de manière large, dans une réflexion intégrant la réallocation de l’espace public et le développement des modes actifs, des transports en commun et de l’autopartage avec des véhicules modestes à motorisation alternative. Les zones doivent également être les plus étendues possibles pour éviter un report de pollution sur les zones périphériques.
En cette année d’élections communales, la Fédération Inter-Environnement Wallonie soutient de tout cœur les villes qui s’orienteraient vers ces mesures à même de protéger la santé des habitants et d’améliorer considérablement la convivialité dans leurs quartiers. Et elle les invite à aller plus loin en optant résolument pour la sécurité de leurs concitoyens, par la mise en place de « low danger zones » (LDZ – zone à faible danger) sur base du concept proposé par IEW et l’asbl Parents d’Enfants victimes de la Route (PEVR).
Contact :
Pierre Courbe, chargé de mission mobilité – p.courbe@iew.be – 081/390.795 – 0496/127.845