Le 21 mars, à l’invitation du Premier ministre De Croo, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) organise à Bruxelles un grand sommet sur l’énergie nucléaire. Il s’agira d’un grand show à la gloire du secteur nucléaire duquel toute voix indépendante et tout public critique seront mis de coté.
Pourquoi De Croo et l’industrie nucléaire ont-ils si peur d’une discussion honnête et ouverte ? Canopea et Bond Beter Leefmilieu dénoncent cette attitude étriquée et organisent, en réponse, leur propre événement. Il se tiendra le même jour avec, entre autres, l’expert international Mycle Schneider qui mettra en exergue les milles questions qui embêtent ce secteur.
« Est-il nécessaire – et possible – de construire de nouvelles centrales nucléaires ? » Cette question ne sera bien sûr pas posée lors du show nucléaire organisé par le Premier Ministre et l’industrie concernée. L’objectif de ce « salon du nucléaire » est au contraire de déterminer comment vendre au mieux les investissements massifs dans l’énergie nucléaire aux banques de développement et aux autres institutions financières internationales.
Pour apporter une note critique, nous avons demandé à ce que la conférence Why Nuclear Won’t Save the Climate (Pourquoi le nucléaire ne sauvera pas le climat) devienne un événement officiel, attaché à la conférence De Croo. Cela s’est avéré impossible ! Bien plus : les experts indépendants en énergie ne sont, eux non plus, les bienvenus à ce sommet. Il s’agit d’une attitude peu démocratique de la part d’un Premier Ministre qui outrepasse son mandat public, pour se faire le représentant commercial d’un secteur industriel.
Pourquoi De Croo et l’AIEA évitent-ils toute question critique ? Ont-ils peur qu’un examen objectif du secteur nucléaire actuel ne détruise totalement sa crédibilité alors qu’il tente désespérément de faire croire à une renaissance ?
Des retards importants et des dépassements de budget
« Tout cela n’est que du bluff« , déclare Almut Bonhage, expert en politique énergétique au Bond Beter Leefmilieu. « L’industrie a montré à quel point elle était incapable de simplement renouveler, et encore moins de développer, des centrales nucléaires même lorsque les gouvernements, comme c’est le cas en Angleterre ou en France, arrosent le projet d’argent public. C’est ce qui ressort clairement de la mise à jour annuelle du World Nuclear Industry Status Report, une étude exhaustive, qui fait autorité, réalisée sous la direction de Mycle Schneider.«
Cet expert indépendant est l’orateur phare de l’événement parallèle organisé par les organisations environnementales BBL, Greenpeace, Canopea, EEB et Can Europe. Les quelques réacteurs en construction ou planifiés aujourd’hui accusent des retards et dépassent régulièrement et de manière conséquente les budgets prévus. Arnaud Collignon, expert energie chez Canopea conclut : « La croissance nucléaire que vise l’industrie n’est tout simplement pas réalisable. Et chaque euro consacré à cette énergie du passé est un euro gaspillé alors que nous avons besoin d’investissements publics dans les réseaux, le stockage, la flexibilité…« .
L’événement parallèle « Pourquoi le nucléaire ne sauvera pas le climat » analysera les performances actuelles du secteur nucléaire en n’évitant pas, bien au contraire, les questions pièges.
https://www.bondbeterleefmilieu.be/kalender/why-nuclear-wont-save-climate?