Libérons l’espace public de l’affichage publicitaire

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Cette carte blanche est parue dans le journal Le Soir et sur son site web le 4 septembre 2024.

A l’approche des élections communales, les signataires plaident pour « moins et mieux » en matière d’affichage publicitaire afin de rendre le paysage à ses habitants. Supprimer les publicités de l’espace public serait aussi un gain social et économique pour la collectivité.

Après des décennies de multiplication des publicités à chaque coin de rue, il est temps de repenser notre relation à l’espace public. Libérons cet espace de l’affichage publicitaire pour rendre le paysage à ses habitant.e.s.

Une société cohérente avec ses engagements

Pour mettre en œuvre les engagements internationaux pris ces dernières années par l’Europe et l’Etat belge (notamment l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement climatique), notre société gagnera à informer ses concitoyen.ne.s de manière cohérente et à créer les conditions nécessaires à l’émergence de modes de consommation et de production soutenables. La publicité peut et doit y jouer un rôle. Elle est un puissant vecteur de références socioculturelles déterminantes pour la transition écologique et sociale.

Un paysage libéré pour une culture réinventée

En supprimant l’affichage publicitaire de l’espace public, qui est à l’usage de tous, nous y évitons une présence mercantile intrusive et offrons aux habitant.e.s un autre regard sur notre cadre de vie. Cela permet à une culture axée sur les liens sociaux de regagner du terrain. Des exemples comme Grenoble, Bordeaux et Amsterdam montrent que libérer l’espace public augmente le nombre d’espaces verts et renforce le sentiment d’appartenance et de respect des habitant.e.s vis-à-vis de leur commune.

Une mesure qui rapporte

L’argument principal en faveur du maintien de l’affichage publicitaire est la question de la perte de revenus pour les communes. Cependant, c’est une fausse perception des impacts financiers. Une étude britannique de la New Economics Foundation révèle qu’une livre sterling de valeur créée par la publicité engendre onze livres d’externalités négatives, soulignant que les coûts environnementaux, sociaux et sanitaires pour la collectivité sont nettement supérieurs aux revenus générés par les contrats publicitaires.

Réparer les dommages causés par la publicité coûte plus à la société que ce qu’elle rapporte, ce qui doit être anticipé par les autorités politiques.

Supprimer les publicités de notre espace public serait donc un gain social et économique pour la collectivité. Cette régulation permettrait aussi de réduire la consommation d’énergie liée à la pollution lumineuse et visuelle, d’ouvrir des horizons pour embellir les communes et de favoriser l’expression citoyenne sur des thématiques sociétales.

Un encadrement de la publicité dysfonctionnel

Le besoin d’effacer la présence publicitaire de l’espace public est accru par l’inefficience du système actuel d’encadrement de la publicité. Par exemple, le Jury d’éthique publicitaire manque d’indépendance par rapport aux professionnels de la communication, qui en représentent 50 %. C’est une forme d’autorégulation problématique puisqu’une publicité ne peut être « condamnée » que par suite d’une plainte. Les sanctions sont faibles et postérieures aux campagnes publicitaires concernées. Une régulation stricte et proactive de l’affichage est nécessaire à la source.

Notre proposition en vue des élections communales

A l’approche des élections communales, nous plaidons pour « moins et mieux » en matière d’affichage publicitaire et appelons les candidat.e.s et les futur.e.s élu.e.s à modifier les règlements communaux afin de :

  • Effacer la publicité de l’espace public détenu par la collectivité ;
  • Bannir dans l’espace public, détenu tant par la collectivité que par le privé (immeubles, terrains…), tout affichage publicitaire vantant les produits nocifs et émissifs comme les combustibles fossiles et appareils usant intensément de ces énergies, l’aviation, les croisières ou encore les voitures thermiques ou d’un poids excessif au regard de leur fonction ;
  • Encourager l’utilisation non intrusive et non électrisée de l’affichage culturel, associatif et communal dans l’espace ainsi rendu à la communauté locale (sociétés coopératives, artisans, commerces de proximité, ASBL et ONG), en vue d’une information accrue sur les services d’intérêt commun et d’une sensibilisation à une société plus soutenable.

Libérons notre espace public de l’affichage publicitaire et faisons de nos communes des lieux où nature et habitants retrouvent leur place, où l’expression citoyenne est valorisée, et où les images et messages véhiculés sont cohérents avec nos enjeux écologiques et sociaux.

(*) Institutions signataires : Kaya – Coalition belge des Ecopreneurs, Canopéa, ConsomAction, The Shifters BelgiumCosignataires : Christophe Adriaensen, GIM ; George Blackman, Realco ; Adélaïde Charlier, activiste ; Etienne de Callataÿ, économiste ; Olivier De Schutter, Professeur à l’UCLouvain ; Valentine Deprez, Greenyard ; Thibaut Georgin, consultant et administrateur de société ; Alexandre Helson, Maison Dandoy ; Pierre Laconte, Foundation for the Urban Environment ; Nicolas Lambert, Tuanis ; Philippe Lovens, Urbike ; Sybille Mertens, Professeure à l’Université de Liège ; Chloé Mikolajczak, activiste ; Roland Moreau, environnementaliste durable ; Emmanuel Mossay, Ecores ; Laurie Pazienza, activiste ; Patrick Somerhausen, Fund for Good.

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