Ce 9 novembre 2023, les institutions européennes se sont réunies pour décider d’un accord préliminaire sur le texte final de la loi européenne sur la restauration de la nature. La Coalition Biodiversité a des sentiments mitigés : « Nous sommes heureux que l’accord reprenne tous les écosystèmes qui étaient initialement inclus dans le projet de loi, mais les articles sont affaiblis par rapport à la proposition de la Commission européenne et à la position du Conseil. Il est décevant de constater que de nombreuses exceptions ont été incluses et que les obligations des États membres sont trop souples. »
Au printemps dernier, des jeux politiques partisans aux niveaux belges et européens avaient failli empêcher le projet de loi européenne sur la restauration de la nature de voir le jour, et fini par mener le Parlement européen à adopter en juillet une position affaiblie sur cette loi. Les institutions européennes ont ensuite eu pour mission de se mettre d’accord sur une position commune, qui s’est concrétisée en l’accord préliminaire d’hier.
A présent, les États membres doivent donner leur aval sur ce texte. Or au printemps dernier, la Belgique n’avait pas exprimé son soutien complet envers la loi, principalement eu égard à des craintes du côté flamand. La Coalition biodiversité appelle aujourd’hui à y apporter un soutien sans réserve. « Malgré les nombreuses concessions, cet accord préliminaire est un point de départ important pour la restauration de la nature en Belgique et en Europe », déclare Reine Spiessens, responsable de politique biodiversité au WWF et coordinatrice de la Coalition biodiversité.
Un besoin urgent, pour le climat et notre société
Il y a un besoin clair et urgent de restaurer la nature belge, puisqu’environ 95% de nos habitats naturels sont en mauvais état de conservation. Or, une nature en bonne santé est notre meilleure alliée contre la crise climatique : les écosystèmes naturels tels que les forêts, les océans, ou les zones humides ont permis une absorption de 54% des émissions humaines de CO2 au cours des dix dernières années. Une nature en bonne santé peut également mieux nous protéger face aux événements climatiques extrêmes, tels que les inondations ou les sécheresses. La biodiversité est aussi fondamentale pour notre sécurité alimentaire puisque près de 75% des cultures mondiales produisant des fruits et des graines destinés à l’alimentation humaine dépendent des pollinisateurs. Au niveau mondial, on estime que plus de 50% du PIB est dépendant de la nature, et selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la mauvaise qualité de l’environnement est à l’origine d’un décès sur huit. Dans l’ensemble, les bénéfices de la restauration de la nature sont en moyenne dix fois plus élevés que les coûts. Soutenir cette loi est donc un retour sur investissement garanti.
Une loi réclamée par les citoyen·nes
Rappelons qu’il y a un vaste soutien populaire pour cette loi européenne sur la restauration de la nature, avec plus d’1 million de citoyen·nes européens, dont plus de 33.500 belges, qui ont déjà signé en faveur de cette loi. En parallèle, plus de 6.000 scientifiques, plus de 100 entreprises, plus de 200 ONG et d’innombrables défenseurs et défenseuses du climat de toute l’Europe ont insisté sur l’adoption de cette loi cruciale.
Rappelons aussi que l’ensemble des partis politiques wallons s’étaient prononcés en faveur de la restauration de 30% des habitats naturels dégradés d’ici à 2030 lors de la conférence BeWild organisée par le WWF le 19 octobre dernier. La Coalition biodiversité espère que cet engagement trouvera écho du côté flamand.
Au tour de la Belgique
Nos ministres doivent respecter les engagements internationaux que la Belgique a pris en faveur de la nature, notamment à la COP15 de Montréal l’année dernière en adoptant l’accord mondial sur la biodiversité. La loi européenne sur la restauration de la nature contribue à la mise en œuvre de cet accord.
Après les ministres, ce seront les membres belges du comité environnement du Parlement européen – Mme Frédérique Ries (MR), Mme Maria Arena (PS), Mme Sara Matthieu (Groen) et Mme Cindy Franssen (CD&V) – qui seront appelées à voter sur le texte fin novembre, un vote qui sera lui aussi décisif pour la loi.
Enfin la Belgique présidera le Conseil de l’UE à partir de janvier, ce qui pourrait être l’occasion pour notre pays de faire aboutir cette loi, et d’offrir ainsi un avenir plus serein à la nature européenne.
La Coalition biodiversité appelle tous nos représentant·es politiques à prendre leurs responsabilités, et à soutenir dès maintenant une loi qui, malgré ses lacunes, sera bénéfique à la fois à la biodiversité, au climat et à la société.
À propos de la Coalition belge pour la biodiversité
La Coalition belge pour la biodiversité est un partenariat entre le WWF, BOS+, Greenpeace, Natagora, Natuurpunt, Canopea et Bond Beter Leefmilieu. La mission de la coalition est d’arrêter et d’inverser la perte de biodiversité en Belgique et dans ses zones d’influence par un plaidoyer commun auprès des décideurs politiques fédéraux et régionaux belges.