Dans le cadre du paquet ‘Fit for 55’ du Pacte Vert Européen, visant la réduction de nos émissions de gaz à effets de serre de l’ordre de 55%, ce qui reste encore insuffisant pour respecter les Accords de Paris, le Parlement Européen a voté ce 14 septembre en faveur d’une augmentation de ses ambitions en matières énergétiques. Face à ces (futures) exigences européennes, la Belgique doit encore revoir ses objectifs.
Plus d’ambitions énergétiques européennes : la Belgique et ses Régions à la traine.
Pour faire face à la crise climatique mais aussi diminuer notre dépendance aux énergies fossiles, le Parlement européen a voté pour une augmentation de la part du renouvelable dans le mix énergétique européen en 2030, passant à 45%, et pour une diminution de la consommation énergétique finale et primaire de l’ordre de 40% et de 42,5% respectivement (sur base de la consommation énergétique européenne estimée en 2007 pour 2030, dans un scénario de politique énergétique inchangée).
La hausse de ces différents objectifs sera répercutée sur les objectifs à atteindre par les Etats membres. A ce stade, la Belgique reste fixée à un objectif de part du renouvelable de 17,5% depuis 2019. Nous étions donc déjà en retard par rapport aux demandes européennes précédentes (qui imposaient 25% de renouvelable pour le Belgique) et le vote du Parlement européen en septembre creuse encore l’écart.
En matière énergétique, les Régions sont compétentes pour l’essentiel. A ce stade comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous, aussi bien les régions que l’état fédéral restent bien en deça du prescrit européen. Il va falloir revoir les objectifs à la hausse.
Entités politico-juridiques | Part du renouvelable (horizon 2030)1 | Consommation énergétique (horizon 2030) |
Belgique | 17,5% du mix énergétique, à peine deux tiers des exigences européennes pour la Belgique | Baisse de 12% et de 15% respectivement pour la consommation finale et primaire 2 = à peine un tiers des exigences européennes |
Entité fédérale | 3,6% du mix énergétique | Uniquement régionale |
Région wallonne | 23,5% du mix énergétique | Baisse de 23% et 36% respectivement pour la consommation finale et primaire, par rapport à 20053 |
Région de Bruxelles-Capitale | 7,2% du mix énergétique | Baisse de 28,51% de la consommation finale par rapport à 2005 4 |
Région Flamande | 10,3% du mix énergétique | Baisse de 7% de la consommation finale par rapport à 20075 |
Quelles évolutions à venir pour la Belgique en matière énergétique ?
La suite dépendra des décisions prises au niveau européen : nous devons encore attendre l’aval du Conseil des Ministres pour acter la décision du Parlement. Pour l’heure, diverses réunions informelles sont prévues avant le conseil du 25 octobre.
La guerre en Ukraine a précipité cette crise qui allait de toutes façons advenir, vu la carence en ressources énergétiques fossiles à terme. Au-delà d’une vision sur le long-terme, une transition énergétique rapide et radicale est nécessaire pour structurellement renverser la précarité grandissante face au coût de l’énergie, et pour endiguer les conséquences du réchauffement climatique déjà en cours.
Les objectifs belges en matière énergétique doivent donc être redéfinis sur base des nouvelles exigences européennes. Cela doit faire l’objet des discussions sur les “plans climat” également imposée par l’UE. Elles sont en cours en wallonie, et prévue l’année prochaine au niveau fédéral, tandis que la Flandres n’a pas d’agenda… Dans toutes les entités, ces discussions semblent très difficiles.
Mais au-delà des objectifs, ce sont des politiques concrètes de réduction de la consommation et de développement du renouvelable dont nous avons besoin. Sur le papier, aucun parti n’est contre une plus grande part du renouvelable dans le mix énergétique belge, bien que certains soutiennent cette alternative plus que d’autres. Dans les faits, de nombreux blocages politiques persistent. Par exemple : sur le renouvelable, la refonte de la Pax Eolienica est annoncée depuis 3 ans tandis que sur le terrain, les taux d’installations d’éoliennes demeurent atone. En matière de baisse de consommation d’énergie, des mesures aussi simples et pourtant très efficaces comme la baisse des limitations de vitesse sur la route sont massivement rejetées par les partis, alors qu‘elle représentent un minimum… Il y a, un manque d’envergure et de planification globale : la nature générale des instruments de politiques publiques reste limitée à des ajustements trop superficiels.
Article réalisé sous la supervision et le regard et bienveillants d’Arnaud Collignon, expert énergie chez Canopea
- https://www.plannationalenergieclimat.be/admin/storage/nekp/pnec-version-finale.pdf p. 15
- https://www.plannationalenergieclimat.be/admin/storage/nekp/pnec-version-finale.pdf p. 97
- https://www.plannationalenergieclimat.be/admin/storage/nekp/pnec-version-finale.pdf p. 98 (consommation finale) et p. 134 (consommation primaire)
- https://www.plannationalenergieclimat.be/admin/storage/nekp/pnec-version-finale.pdf p. 100