Dans son dossier Questions (im)pertinentes sur la présence de pesticides dans les eaux Wallonnes, Canopea pointait du doigt cette terrible anomalie : alors que des zones existent autour des captages pour protéger la qualité de l’eau, il n’y existe aucune restriction à l’utilisation de pesticides !
Ce n’est plus tout à fait le cas, pour un herbicide du moins : la Bentazone. En effet, en raison de sa présence importante dans les eaux souterraines, le Fédéral a décidé d’interdire son utilisation dans les zones de protection de captages (Ziia et Ziib pour les connaisseurs), et ce, avec prise d’effet immédiate.
C’est une bonne nouvelle pour la qualité de l’eau, puisque ce pesticide était responsable de 43% des dépassements de la norme de potabilité observée dans l’eau souterraine, dépassements dus à des pesticides toujours autorisés. Il faudra cependant plusieurs années pour que l’effet de cette interdiction puisse se faire sentir et qu’on observe une baisse de concentration dans les eaux souterraines. On rappelle également que la majorité des dépassements de la norme de potabilité sont dus à des pesticides interdits depuis de nombreuses années (notamment l’atrazine, interdite depuis plus de 20 ans, dont la molécule et les métabolites qui représentent encore 25% des dépassements constatés, dus à sa persistance importante).
La bentazone reste autorisée pour différentes cultures (pois, haricots, fèves etc.) mais uniquement sous conditions : pas dans les parcelles à risque érosif, pas en zone de protection de captage, pas à une distance de moins de 6m d’un cours d’eau… et son utilisation est dans tous les cas soumise à une déclaration aux autorités. Mais sans amélioration de la qualité de l’eau en 2024, l’utilisation de cette molécule sera alors interdite pour l’ensemble des cultures.
Canopea salue cette décision du Fédéral mais regrette qu’elle n’ait pas été prise plus tôt, notamment par la Ministre Wallonne de l’Environnement qui a toutes les cartes en main pour mettre en place des interdictions similaires en zone de captage pour d’autres substances. Espérons que cette mesure l’inspire et la motive à interdire dans les même zones le métolachlore et le métazachlore, dont la molécule et ses métabolites sont respectivement responsables de 36 et 13 % des dépassements des normes de potabilités dans l’eau souterraine.
Crédit image illustration : Adobe Stock
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