Ni prévenir ni guérir

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Mieux vaut prévenir que guérir. Cet adage bien connu et empli de sagesse n’a pourtant pas l’air d’être la boussole décisionnelle des politiques publiques. Les politiques de prévention manquent, ou sont inefficaces. Arrivent alors la facture (financière ou écosystémique) de l’inaction et celle des investissements à réaliser pour corriger le tir, toutes deux se révélant bien trop salées dans le contexte budgétaire actuel. Peu de prévention, et pas d’argent pour financer la guérison… Que fait-on dans ce cas du malade ? La preuve par 3.  

Biodiversité

La biodiversité connait une chute drastique à l’échelle mondiale, mais également sur notre territoire, en témoignent plusieurs indicateurs : diminution de 70% des populations d’oiseaux des champs en 20 ans, 95% des habitats wallons sont en état défavorable… Alors que les facteurs du déclin sont connus (perte d’habitats due au morcellement du territoire et utilisation de pesticides chimiques), peu de politiques de prévention ont été mises en place pour endiguer cette chute. L’artificialisation du territoire se poursuit au rythme inexorable de 15 ha/an (le nouveau SDT parviendra-t-il à atteindre l’objectif de stop béton 2050 ?), et les quelques écorégimes visant au développement de zones refuges en zone agricole, notamment les jachères, viennent de se voir grandement détricotés suite aux pressions des syndicats agricoles.

Si la prévention n’a pas fonctionné, alors il faut guérir ? Ce n’est pas ce qui est prévu, suite à l’annonce du nouveau GW de réduire de 75% le budget alloué à la biodiversité, afin de réaliser des ‘économies’. Ce budget visait notamment à financer le programme Yes We Plant qui contribue à développer un réseau écologique cohérant, permettant de reconnecter les réserves naturelles et en favorisant une continuité des habitats.

Qualité de l’eau

Les scandales sur la qualité de l’eau de distribution, polluée par de nombreuses substances chimiques, se multiplient ces derniers mois. Si l’origine de certaines pollutions doit encore être clarifiée, d’autres sont connues depuis de nombreuses années. C’est le cas notamment pour la contamination de l’eau par les pesticides, qui résulte d’une pollution diffuse due à l’épandage de ces produits chimiques dans les cultures.

Au vu de de la problématique grandissante que constituaient les pesticides pour l’eau, mais aussi pour d’autres compartiments de l’environnement, des politiques de prévention ont été, dans ce cas-ci, mises en place et financées sur deniers publics :  Plan wallon de réduction des pesticides, financement d’asbl visant à promouvoir des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement, financement de (trop peu de) recherches sur les alternatives… Sans que de vrais résultats puissent être enregistrés : les quantités de pesticides vendues sur notre territoire n’ont pas diminué depuis la mise en place de ces plans, et les concentrations dans les eaux souterraines augmentent…

L’heure est dès lors à la dépollution et à de potentiels massifs investissements en station de repotabilistion. A l’heure où la région est désargentée, comment ces investissements vont-ils être réalisés ? A charge du consommateur, dans une atteinte flagrante au principe du pollueur-payeur ? Le meilleur remède serait pourtant de limiter la pollution à la source.

Climat

Aux COPs décevantes succèdent les rapports du GIEC, alertant sans relâche sur l’accélération du dérèglement climatique et ses conséquences. Pour maintenir une certaine adhésion dans la population, la communication autour des rapports du GIEC s’efforce de rester un tant soit peu positive : « il nous reste 20 ans pour tout changer ». Sauf qu’au fur et à mesure des rapports, ce nombre d’années diminue…. Jusqu’à aujourd’hui, où les effets du dérèglement se font déjà sentir un peu partout sur la planète. Les mesures de mitigation du changement climatique sont pourtant connues, mais n’ont été que trop peu mises en œuvre.

Si la prévention fait défaut, place à l’adaptation ? Suite aux inondations de 2021, 10 mesures concrètes et efficaces ont été proposées par les associations environnementales dans le manifeste No Nature No Future, afin d’utiliser la nature comme alliée face aux dérèglements climatiques. 4 ans plus tard, aucune de ces mesures n’a été mise en place.

Conclusion

Mieux vaut prévenir que guérir.

Dans un contexte de finances serrées, il faut viser l’efficacité de chaque dépense. Bien prévenir nécessite des politiques courageuses, efficaces, qui soient régulièrement évaluées et adaptées. La prévention est meilleure pour l’environnement, mais également pour les deniers publics. Or, après ce sont souvent ceux qui ont sapé l’ambition de certaines politiques de prévention, qui crient aujourd’hui au loup sur l’état des finances publiques, et refusent de nouvelles dépenses pour corriger le tir.  

Crédit image d’illustration : Adobe Stock

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