Ce 24 janvier, le Ministre wallon de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme, Benoît Lutgen, a décidé « d’interdire le nourrissage du sanglier sur les territoires de l’Etat et de la Région wallonne faisant l’objet d’un nouveau contrat de bail pour la location du droit de chasse » .
Les associations environnementales saluent cette mesure positive mais la considèrent comme insuffisante par rapport à l’enjeu reconnu par le ministre. Pour les associations, cette mesure ne constitue donc qu’un premier pas vers une interdiction complète du nourrissage.
En septembre 2005, le gouvernement a étendu les dates d’ouverture de la chasse au sanglier afin d’endiguer les problèmes liés à la surdensité de celui-ci en Région wallonne. Si cette mesure répondait partiellement au problème, elle n’en était pas moins insuffisante car elle faisait fi d’une des principales causes de cette surpopulation du sanglier en Région wallonne, le « nourrissage dissuasif » dont nos associations demandent la suppression depuis des années !
Ce 24 janvier, le ministre Lutgen interdit, pour les nouveaux baux de chasse en forêt domaniale, tout nourrissage des sangliers. Selon le communiqué du Ministre, les dispositions de l’arrêté sur le nourrissage supplétif « sont détournées à des fins d’appâtage et ne remplissent plus l’objectif de protéger et d’améliorer le milieu naturel pour l’amener vers une plus grande biodiversité ». Ce constat, les associations le partagent et elles félicitent le ministre pour sa décision. Elles se demandent toutefois s’il y a réellement un sens à interdire sur une partie des massifs forestiers ce qui restera autorisé, juste à coté, dans les propriétés privées ou communales, et ce pour une espèce aussi mobile que le sanglier, capable de parcourir chaque nuit des dizaines de kilomètres pour se nourrir ? La mesure risque en effet d’être rapidement contournée par l’organisation du nourrissage en périphérie des propriétés domaniales… Pour positive qu’elle soit, la mesure adoptée apparaît donc insuffisante et ne saurait dès lors être invoquée pour surseoir à une interdiction pure et simple, par voie législative, du nourrissage dissuasif.
Tout en se félicitant de cette première disposition -il faut bien commencer quelque part…-, les associations attendent les dispositions qui pourront envisager, pour cette problématique, une véritable politique de gestion intégrée au niveau des massifs ; elles tiennent ainsi à rappeler l’importance qu’il y a d’amener rapidement tous les acteurs concernés devant leurs responsabilités !
Les associations réitèrent donc leur demande de voir supprimer le « nourrissage dissuasif ». Certes, une telle mesure ne sera pas simple à mettre en ½uvre, car si une frange croissante des chasseurs y est favorable, certains propriétaires et notamment les communes verront d’un mauvais ½il la diminution des droits de chasse qui en résultera. La population de sangliers doit toutefois s’adapter aux capacités naturelles d’accueil de l’habitat et non avoir pour objectif la mise en équilibre des budgets des chasses commerciales ou des communes rurales. Les associations attendent du ministre une réponse politique à cette question dont l’impact est essentiel à la conservation de la biodiversité dans nos forêts.
Contacts :
Lionel Delvaux, Inter-Environnement Wallonie (081/25.52.95)
Joëlle Huysecom, Natagora asbl (0474/54.52.64)