Pour la Fédération, la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires constituerait l’épilogue honteux mais attendu d’une stratégie politique hypocrite et cousue de fil blanc.
Le Ministre Fédéral de l’Energie et du Climat, Paul Magnette, a annoncé hier sa décision de proposer au gouvernement la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires de Doel 1, Doel 2 et Tihange 1 dont la fermeture était programmée pour 2015. En suivant cette proposition, l’exécutif remettrait en cause la loi de sortie du nucléaire de 2003… votée par la plupart des partis composant l’actuelle majorité.
Pour la Fédération Inter-Environnement Wallonie, si elle a de quoi révolter, cette décision ne peut pas surprendre tant elle constitue l’épilogue logique d’une stratégie de longue date.
Dès le 25 juillet 2007, les associations environnementales avaient dénoncé la note du formateur Yves Leterme suggérant de prolonger la durée de vie de « quelques » centrales. Quinze jours plus tard, le 2 août, elles remontaient au créneau pour s’offusquer du pré-accord de gouvernement conclu par l’orange bleue qui entérinait de facto cette prolongation en y liant l’instauration d’un prélèvement sur les bénéfices exceptionnels des exploitants des centrales.
L’arrivée dans le jeu des socialistes francophones n’a pas franchement changé la donne et depuis plus de trois ans, les déclarations préparant l’opinion à ce qui constitue un reniement politique se sont accumulées. La position défendue par Paul Magnette est donc tout sauf une surprise…
En fait, les dés étaient pipés d’entrée de jeu, dès le vote de la loi en 2003 et l’intégration d’une clause prévoyant sa remise en cause en cas de menace sur l’approvisionnement énergétique du pays. La porte était entrouverte et certains n’ont eu de cesse de la pousser toujours un peu plus.
Il est d’ailleurs édifiant de remarquer qu’avant les législatives de 2007, seul le SPa excluait toute participation à un gouvernement qui remettrait en cause la sortie du nucléaire.
Pour la Fédération Inter-Environnement Wallonie, la proposition Magnette est inacceptable car :
elle est fondée sur un mensonge : on argue de l’impossibilité de pourvoir à nos besoins en cas de fermetures des réacteurs en 2015 or, il est acquis que les projets existants et en cours de finalisation offriront des capacités de substitution suffisantes ;
elle cache sa véritable motivation : les arguments énergétiques et environnementaux (alors que les accords de Kyoto n’intègrent pas le nucléaire dans les énergies propres…) servent de paravent à un enjeu budgétaire, à savoir la négociation, dans un contexte optimal, d’une contribution financière d’Electrabel salvatrice pour le budget de l’Etat ;
elle constitue une dangereuse fuite en avant : la prolongation des réacteurs concernés par l’échéance 2015 impliquera de facto un traitement identique pour ceux dont l’extinction est prévue en 2025, ce au mépris des risques liés à un matériel utilisé bien au-delà de sa durée de vie initiale mais aussi d’une raréfaction annoncée du combustible nucléaire ;
elle nie la vision à moyen et long terme devant conduire l’action politique : d’une part, la poursuite du nucléaire entretient le mythe d’une énergie abondante et bon marché incompatible avec la réduction massive de la demande qu’impose la lutte contre le changement climatique ; d’autre part, elle décourage le développement d’alternatives renouvelables vitales pour l’avenir mais souffrant aujourd’hui de la concurrence déloyale du nucléaire, financé sur fonds publics et depuis longtemps amorti.
La Fédération espère donc – sans y croire un instant… – que le gouvernement ne suivra pas la proposition du Ministre Magnette.