Il pouvait s’engager dans l’avenir, il a préféré se recroqueviller sur le passé : le gouvernement fédéral s’est accordé ce jeudi sur la prolongation de dix ans de l’activité des centrales de Doel 1 et 2. Alors que la loi de sortie du nucléaire votée en 2003 prévoyait la mise à l’arrêt de ces installations en 2015, elles seront in fine exploitées jusqu’en 2025.
Pour Inter-Environnement Wallonie, cette décision – qui va au-delà de l’accord de gouvernement – constitue une aberration tant en matière de sécurité que de stratégie énergétique.
Alors que l’accord conclu entre les partenaires gouvernementaux prévoyait une prolongation de Doel 1 jusqu’au 31 mars 2015 et de Doel 2 jusqu’au 31 décembre 2016, l’exécutif vient d’aller plus loin dans la mise à mal de l’avenir énergétique de notre pays en entérinant le maintien en activité de ces deux unités de production jusqu’en 2025.
Bien qu’elle soit soumise à l’accord préalable de l’AFCN (Agence fédérale de contrôle nucléaire), cette décision marque une prise de risques inacceptable pour la population. Les deux réacteurs concernés sont en effet les plus anciens du parc belge et chaque année qui passe accroît l’incertitude quant à leur sécurité.
Initialement prévus pour une durée de vie de 30 ans, Doel 1 et 2 devraient aller 20 ans au-delà de cette limite. Alors que les mise à l’arrêt de Tihange 2 et Doel 3 pour cause de microfissures décelées dans leur cuves puis de Doel 4 visé par un acte de sabotage attestent de la vulnérabilité des infrastructures nucléaires, il s’agit-là d’un pari proche de la roulette russe.
Par-delà les enjeux de sécurité, le choix du gouvernement constitue une nouvelle volte-face par rapport à des engagements antérieurs et, de ce fait, un signal exécrable envoyés aux acteurs du marché énergétique. Il perpétue en effet l’incertitude dans laquelle ceux-ci, en demande depuis des années d’une stratégie énergétique claire et à long terme, se trouvent. Au lieu de la clarification trop longtemps déjà attendue, ils vont devoir composer avec une décision rendant plus incompréhensibles encore les règles du jeu dans lequel ils sont appelés à s’engager. Cette situation ne pourra qu’affecter gravement le développement de modes de production renouvelables, économiquement avantageux et créateurs d’emplois, indispensables à une sortie sereine du nucléaire.
Cerise sur le gâteau, la mise en œuvre de ces prolongations impliquera l’investissement de plusieurs centaines de millions d’euros dans un mode de production appartenant définitivement au passé.
Inter-Environnement Wallonie condamne fermement une décision aussi anachronique qu’inacceptable, une solution de facilité qui constitue une « fuite en arrière » aux conséquences désastreuses. Car que l’AFCN autorise ou non ces prolongations, les dégâts sont faits : l’incertitude sur la stratégie énergétique de notre pays sera désormais plus grande et les investisseurs plus frileux que jamais.
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