L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) a rendu ce vendredi un avis favorable au redémarrage des réacteurs nucléaires Doel 3 et Tihange 2 mis à l’arrêt depuis l’été dernier suite à la découverte de milliers de microfissures dans leurs cuves. Le conseil des ministres restreint a « pris acte » de ce feu vert et Electrabel peut entamer dès aujourd’hui les opérations de redémarrage de ses deux unités.
Pour Inter-Environnement Wallonie (IEW), cette décision est aussi inacceptable qu’irresponsable. Face aux conséquences potentielles d’un incident et a fortiori d’un accident nucléaire, aucune prise de risque n’est en effet tolérable. Or, toute la lumière n’a pas été faite sur l’origine et l’évolution possibles des microfissures. La sécurité de millions de personnes, en Belgique mais aussi dans les pays limitrophes, s’en trouve menacée.
Selon Jan Bens, le patron de l’AFCN, l’exploitation de Doel 3 et Tihange 2 « peut être reprise en toute sûreté ». Une affirmation pour le moins optimiste alors que l’origine des milliers de fissures détectées dans les cuves de Doel 3 (plus de 8.000) et Tihange 2 (plus de 2.000) n’a même pas pu être déterminée avec précision. Si certains experts affirment qu’elles sont présentes depuis la fabrication des cuves – on se demande alors pourquoi elles n’ont pas été signalées lors des procédures d’inspection… –, d’autres soutiennent au contraire qu’elles sont apparues après la mise en marche des réacteurs. Mais dans un cas comme dans l’autre, nul ne peut préjuger de leur évolution sous l’effet prolongé de la chaleur, de la pression et des radiations, a fortiori dans des centrales ayant dépassé la date de péremption. Cet élément a été pointé explicitement par l’experte en résistance des matériaux Ilse Tweer pour analyser le dossier.
Il est par ailleurs pour le moins inquiétant de savoir que la méthode de test utilisée pour démontrer l’intégrité des cuves concernées prend en compte la taille de chaque microfissure mais non l’effet cumulé de celle-ci. Cette faiblesse avait d’ailleurs été mise en exergue tant par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) que l’Agence française de sécurité nucléaire (ASN).
Dans ces conditions, considérer que le redémarrage peut se faire « en toute sécurité » relève de l’irresponsabilité pure et simple. C’est d’autant plus vrai et condamnable que, vu la densité de population dans les zones de sécurité autour de ces deux réacteurs, des millions de personnes sont directement concernées et devraient être évacuées en cas d’accident.
Inter-Environnement Wallonie appelle le gouvernement fédéral à prendre ses responsabilités et à garantir la sécurité de ses citoyens en s’opposant à la remise en activité de Doel 3 et Tihange 2.