Les partis négociant la formation du prochain gouvernement fédéral se sont accordés sur le report de la mise à l’arrêt des réacteurs de Doel 1 et 2. Initialement prévue pour 2015, l’extinction aurait finalement lieu en 2025. Un consensus existe par ailleurs sur « l’instauration d’un système de monitoring et de correction pour garantir la sécurité d’approvisionnement à long terme ». En clair, les futurs partenaires gouvernementaux se laissent la possibilité de remettre en cause la sortie totale du nucléaire qu’ils (feignent de ?) confirmer pour 2025.
Pour Inter-Environnement Wallonie, ces mesures constituent une reculade inacceptable à l’heure où les événements viennent de prouver l’effectivité des défauts reprochés au nucléaire. Inacceptable, ce l’est d’autant plus que ces décisions n’apportent aucune solution au risque de pénurie qui se pose à court terme et vont au contraire renforcer à terme l’insécurité d’approvisionnement de notre pays !
Au fur et à mesure que les informations sur le contenu de l’accord conclu par « la suédoise » se précisent, on découvre l’ampleur du fiasco qu’il constitue.
Le sursis de 10 ans accordé à Doel 1 & 2 apparaît tout simplement incompréhensible. Les réacteurs concernés atteindront en effet lors de leur fermeture les 50 ans de service, soit 20 de plus qu’initialement prévu. Cette situation fait peser une lourde hypothèque sur la sécurité des installations et, ce faisant, de leurs travailleurs et des populations avoisinantes. Cela apparaît d’autant plus intolérable que la mesure ne solutionnera en rien le risque de pénurie d’électricité auquel notre pays devra faire face lors des hivers prochains. Il en en effet techniquement impossible de maintenir ces réacteurs en activité au-delà de la date prévue faute, à la fois, de carburant et d’autorisation de production. Un délai de un à deux ans minimum sera nécessaire avant de pouvoir redémarrer ces unités… quand la situation en matière d’approvisionnement se sera détendue !
Par ailleurs, la porte laissée (entr’)ouverte à un Xème report de la date d’extinction totale des centrales apparaît comme une erreur politique et économique majeure. Cela perpétue en effet l’incertitude dans laquelle se trouvent tous les acteurs du marché, en demande depuis des années d’une stratégie énergétique claire et à long terme. Ils devront donc encore attendre ce qui affectera inévitablement le développement de modes de production alternatifs permettant une sortie sereine du nucléaire. Que ce cercle vicieux relève d’un machiavélisme pro-nucléaire ou de l’imprévoyance de nos décideurs, il participe d’un climat néfaste tant à notre sécurité qu’à notre indépendance d’approvisionnement.
Les craintes que l’on pouvait nourrir au regard des positions de certains partis impliqués dans la négociation se trouvent donc malheureusement confirmées. Les options pro-nucléaires du MR et de la NVA l’emportent largement, la construction d’une nouvelle centrale « de quatrième génération » n’étant même pas exclue.
Alors que les événements viennent de prouver l’effectivité des défauts reprochés au nucléaire tant en matière de sécurité que de rigidité de production (centralisée et massive), ces décisions sont anachroniques et inacceptables. Inter-Environnement Wallonie les condamne sans réserve et appelle les négociateurs à les reconsidérer en privilégiant le bon sens et la vision politique à la facilité de la « fuite en arrière ».