Les organisations patronales appellent aujourd’hui dans la presse à la prolongation de deux réacteurs nucléaires au-delà de 2025. Pour les ONGs environnementales BBL, Greenpeace et IEW: « Les vieux réacteurs sont une part du problème actuel, les prolonger augmente le risque de potentiels black-outs. Et retarder encore la sortie du nucléaire n’offrira pas une meilleure stabilité des prix de l’énergie, au contraire.”
Sortie du nucléaire et du charbon dans les pays voisins, pannes à répétition des réacteurs nucléaires, hausses des prix de l’énergie… Les problèmes auxquels les entreprises font référence aujourd’hui ne sont pas nouveaux. L’Allemagne, par exemple, élimine peu à peu ses centrales nucléaires selon un calendrier précis depuis 2011, et l’on sait également depuis un certain temps que les centrales au charbon devront fermer. Les problèmes des centrales nucléaires françaises ne datent pas non plus d’hier.
Pour faire face à cette situation, et pour contrer les prix élevés actuels, la solution ne passe donc en aucun cas par une prolongation des réacteurs mais par une transition énergétique ambitieuse, durable et socialement juste, poussée par tous les niveaux de pouvoir.
“Les employeurs devraient se rappeler qu’on ne sait pas résoudre un problème en prolongeant ce qui l’a causé”, explique Jan Vande Putte, expert énergie de Greenpeace. “Il est irrationnel de miser sur des vieux réacteurs précisément au moment où EDF, le plus gros producteur d’électricité d’Europe, annonce une production historiquement basse sur l’ensemble de son parc nucléaire français jusqu’en 2023 à la suite de problèmes techniques clairement liés au vieillissement… Et où le le gestionnaire de réseau électrique français (RTE) annonce même un risque de coupures d’électricité en France en cas de vagues de froid.”
Les organisations environnementales appellent à tirer les leçons du passé. “On a l’impression de revivre les mêmes erreurs qu’en 2015 quand la Belgique a décidé de prolonger Doel 1 et 2 en invoquant déjà la sécurité d’approvisionnement. Résultat : en 2018, on s’est retrouvé avec presque tout le parc à l’arrêt de manière non préparée, et notre sécurité d’approvisionnement menacée », rappelle Arnaud Collignon, expert énergie chez IEW.
Le récent rapport de l’AFCN décrit un scénario purement hypothétique pour l’extension qui n’est ni légalement ni techniquement réalisable, comme l’a confirmé Engie. [1]
Les prix ne baisseront pas
Les prix de l’énergie ne baisseront pas si les deux derniers réacteurs nucléaires restent en service. “Aujourd’hui, tous les réacteurs belges fonctionnent à pleine capacité et pourtant, cela n’a pas permis de nous protéger de la hausse des prix de l’énergie”, explique Erwin Cornelis, responsable de la politique énergétique chez Bond Beter Leefmilieu.
« Dans le même temps, nous observons pour l’instant une baisse des prix de l’électricité. Pourquoi ? Parce que les vents forts nous fournissent de l’électricité bon marché. Une vraie bouffée d’air frais dans cette période de tension sur le marché, et cela grâce aux énergies renouvelables dont le développement, comme beaucoup d’entrepreneurs l’ont déjà compris, doit lui s’accélérer.”
« Ce dont nous avons besoin, c’est d’un gouvernement qui ne change plus d’avis et consolide la sortie du nucléaire définie par la loi, d’un régulateur nucléaire qui encadre sa mise en oeuvre de manière indépendante et d’entrepreneurs qui s’engagent pleinement dans la transition vers un système énergétique durable et robuste. C’est là que se trouve le meilleur moyen de garantir la sécurité d’approvisionnement à un prix compétitif« , conclut Jan Vande Putte. « Sinon, nous risquons de nous retrouver en 2025 et 2026 exactement dans la même situation qu’en 2018 : une production nucléaire erratique et une capacité de remplacement insuffisante, entraînant des prix imprévisibles. »
Note :
[1] Le 17 janvier, l’AFCN a remis au gouvernement son rapport sur l’extension éventuelle de Doel 4 et Tihange 3 :
https://afcn.fgov.be/fr/system/files/20210117-cp-rapport-afcn-points-action-lto-d4-t3.pdf
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