Durant ces trois dernières années, une série de dispositions réglementaires allant dans le sens d’un meilleure prise en compte du risque sanitaire de l’exposition du public aux rayonnements électromagnétiques a été prise par les autorités. Mais des lacunes persistent, et non des moindres !
Au niveau des compétences régionales, l’avancée la plus notable concerne le développement des réseaux de téléphonie mobile avec l’élaboration d’un cadastre des antennes régulièrement mis à jour et accessible à tous, la mise en place de contrôles inopinés ou à la demande des communes et particuliers, et l’agrément des laboratoires chargés de réaliser ces contrôles[Voir article « [Ondes électromagnétiques et santé : le point en Wallonie« , Portail Santé & Environnement]].
Du côté du fédéral, certaines choses ont également évolué dans le bon sens durant l’année 2013 avec l’adoption d’un Arrêté Royal qui prévoit de nouvelles obligations imposées aux producteurs, grossistes et vendeurs de téléphones mobiles, pour réduire l’exposition des utilisateurs aux ondes électromagnétiques : information des consommateurs sur le DAS (débit d’absorption spécifique), interdiction de la publicité à destination des enfants, interdiction de la vente de GSM pour enfants[Voir article « [Une réglementation plus stricte pour limiter l’exposition aux ondes électromagnétiques des GSM », Portail Santé & Environnement.]].
Bien, mais peut mieux faire…
Bien que ces réglementations apportent une série de réponses à la problématique de la pollution électromagnétique, elles manquent encore d’ambition et de cohérence dans certains cas.
Si le cadastre des antennes permet aux acteurs concernés de bénéficier d’une vision plus objective et globale du développement de ces réseaux à l’échelle locale ainsi que sur l’ensemble du territoire wallon, il ne prend malheureusement pas en compte l’ensemble des réseaux de télécommunication (Wi-Fi, Wimax, télé et radiodiffusion, etc.), et ne donne donc pas une vision globale de l’exposition du public en un lieu donné (toutes sources d’émission confondues).
Autres points faibles de la législation wallonne : la norme d’exposition, plus faible qu’à Bruxelles et le type de permis pour l’implantation des antennes (non reprises dans les installations de classe 2 soumises à permis d’environnement)[Voir article « [Ondes électromagnétiques et santé : le point en Wallonie« , Portail Santé & Environnement]].
Les antennes, mais aussi les GSM et autres technologies sans fil
Si la problématique de l’exposition du public aux rayonnements générés par les antennes-relais est une préoccupation justifiée (on ne connaît pas les effets sanitaires à long terme de ce type d’exposition faible mais continue), elle ne doit pas pour autant occulter les risques bien plus inquiétants encourus par un usage quotidien du GSM et des autres technologies sans fil (DECT, babyphone, Wi-Fi, etc.). Or les citoyens se montrent fort préoccupés par les antennes mais peu par les dangers éventuels liés à un usage excessif de ces appareils.
Il est donc indispensable d’informer davantage le public et d’encourager un usage raisonné des technologies sans fil (port de l’oreillette, recours aux sms, haut-parleur, temps de communication limités, alternatives filaires, etc.) mais également de décourager l’usage du GSM par les enfants et les jeunes de moins de 16 ans.
Et ce n’est malheureusement pas la mention du DAS sur les appareils et dans les points de vente ou l’interdiction de la publicité pour les GSM à l’attention des enfants de moins de 14 ans qui suffiront à induire, chez les jeunes comme les adultes, des comportements préventifs.
D’indispensables campagnes de sensibilisation
Il est plus que temps de mener des grandes campagnes publiques d’informations et de sensibilisation des citoyens sur les risques encourus par l’usage des technologies sans fil ainsi que sur les précautions nécessaires relatives à leur utilisation.
Une information plus ciblée à l’attention des médecins et autres acteurs de la santé serait également très opportune.
De même, une attention particulière doit être portée aux milieux d’accueil des publics les plus fragiles comme les enfants, les personnes âgées et les malades. Des politiques d’information et de sensibilisation spécifiques doivent être menées dans ces établissements (crèches, écoles, ONE, maisons de repos, etc.), tant auprès du public qui les fréquentent que du personnel d’encadrement (enseignants, professionnels de la petite enfance, etc.).
Enfin, deux aspects ne sont pas encore suffisamment pris en compte dans les législations actuelles : la prise en compte de l’hyperélectrosensibilité et la nécessité de développer la recherche et de reconduire des études qui ont abouti à des conclusions alarmantes afin d’évaluer les effets à long terme de l’exposition aux rayonnements électromagnétiques.