Fin 2023, la Défense a mis en vente l’ancien domaine militaire du Sart-Hulet à Jambes, qui couvre une trentaine d’hectares répartis en 6 lots. Comme d’autres sites militaires, il abrite une riche biodiversité et des habitats naturels encore préservés : zones humides, prés de fauche, zones sableuses et vieilles forêts feuillues. D’énormes silos de sable, fruit du génie militaire sur le site, font office d’hôtels à insectes géants et laissent présager un intérêt entomologique majeur. Malgré le manque de données naturalistes liées à un accès très limité au site, plusieurs espèces très rares sont mentionnées telles que la jasione des montagnes (Jasione montana), l’œillet velu (Dianthus armeria) ou la catapode rigide (Catapodium rigidum), toutes les trois sur la liste rouge de la flore de Wallonie. Des espèces liées aux vieilles forêts feuillues sont aussi présentes, telles que le pic mar (Dendrocoptes medius) et la salamandre tachetée (Salamandra salamandra).
Au vu du grand potentiel biologique de ce site, l’asbl Ramur, le comité de voisins « Poudre de génie », en collaboration avec des associations de protection de la nature telles que Natagora et Ardenne & Gaume tentent de trouver une solution pour protéger les zones les plus intéressantes de ce site.
L’intérêt de la Ville de Namur et du DNF (Département Nature Forêt) sont clairs, mais des obstacles administratifs et/ou budgétaires semblent rendre l’achat complexe pour ces deux entités. Notons toutefois que l’argument du manque de budget semble étonnant vu que le DNF bénéficie actuellement d’un financement de 20 millions d’euros pour l’achat de réserves naturelles. Les asbl de conservation de la nature quant à elles ne peuvent pas bénéficier de tels subsides quand les terrains sont vendus par un pouvoir public (la défense en l’occurrence ici dépend du Service Public Fédéral).
C’est pourtant une opportunité unique, qui permettrait de contribuer à l’atteinte de nos objectifs en matière de conservation de la nature. La Belgique est signataire de l’Accord de Kunming-Montreal et doit veiller à participer à l’atteinte des objectifs de la Stratégie Biodiversité européenne, dont la mise sous protection de 10% du territoire européen sous statut de protection stricte. Pour sa part, la Wallonie s’est engagée pour 5% d’ici à 2030 (on n’est qu’à 1,5% de réserves naturelles). De plus, le tout premier objectif du plan d’action « aires protégées » pour la Wallonie est de valoriser les terrains publics qui présentent un fort potentiel pour la conservation de la nature.
La présence de très jolis bâtiments d’une ancienne ferme à proximité de Namur (toujours au sein du domaine du Sart-Hulet) constitue en outre un atout non négligeable pour développer un centre d’éducation à la nature et valoriser le site via un tourisme respectueux de la nature des lieux.
Rappelons enfin que la Ministre fédérale de l’environnement, madame Khattabi, en collaboration notamment avec la ministre de la Défense madame Ludivine Dedonder, a démarré une phase pilote dans le cadre de la démarche Biodiversiscapes. L’objectif est de rendre exemplaires les services publics en matière d’environnement et de mieux intégrer la biodiversité au sein des sites fédéraux.
La mise sous protection des zones les plus intéressantes d’un point de vue de la biodiversité du domaine militaire de Sart-Hulet pourrait tout à fait s’intégrer dans cette démarche.
Crédit image d’illustration : Adobe Stock
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