Juste avant les vacances de Pâques, le Gouvernement fédéral a annoncé la mise sur pied d’une « stratégie énergétique ». Qu’y a-t-il derrière cette annonce ? Est-ce une étape décisive vers une véritable politique énergétique de long terme ou un coup de communication politique ? Tentative de réponse.
« Confirmation » de la sortie du nucléaire en 2025 ?
Ca y est la N-VA soutiendrait la sortie du nucléaire en 2025… C’était l’élément central de la communication du Gouvernement. Mais, en pratique, cette annonce signifie-t-elle une avancée décisive ? Les termes employés par le Premier Ministre lors de la conférence de presse sont plutôt sibyllins … « La loi de 2003 n’est pas remise en cause » se réjouissait-il. Le message principal est donc… le status quo.
Soufflant le chaud et le froid, le Gouvernement a aussi précisé… la manière dont les centrales nucléaires pourraient êtres prolongées après 2025 (en opposition avec la loi de 2003 donc…) !!! Un nouveau comité fédéral « énergie » regroupant les administrations des entités fédérées mais aussi des représentants des entreprises et les syndicats serait créé, lequel évaluera la mise en œuvre de la « stratégie énergie »… On ne sait pas encore grand chose sur ce comité d’autant qu’on voit mal le politique se départir de sa responsabilité sur un sujet aussi sensible que la durée de vie du parc nucléaire…
Un pacte énergétique approuvé du bout des lèvres
Le coeur de l’enjeu demeure donc la mise en place des conditions nécessaires à la sortie du nucléaire. De ce point de vue le Gouvernement fédéral n’a pas vraiment levé les incertitudes.
La principale avancée a été l’ « approbation » du pacte énergétique qui avait été négocié par les ministres de l’énergie fédéraux et régionaux, et déja « approuvé » par la région wallonne et bruxelloise en décembre. Pour IEW, ce texte représente une bonne base pour avancer (une analyse détaillée de ce texte est disponible ICI ). Mais sur base des éléments communiqués par le Gouvernement fédéral, son statut demeure flou. Quelle est la valeur légale de ce texte ? Par exemple, est-ce que le Gouvernement fédéral s’engage à atteindre les objectifs chiffrés en matière d’éolien offshore (4GW en 2030) qui figurent dans le document ?
Un agenda de travail serré
Il faut surtout que l’ensemble de ce pacte énergétique soit implémenté dès aujourd’hui par des mesures concrètes … De ce point de vue, avouons que nous restons un peu sur notre faim, la seule annonce du Gouvernement ayant été un… agenda de travail.
- La mise en place d’un soutien pour des centrales au gaz est toujours sur la table de travail de la Ministre de l’énergie. Atterrissage annoncé fin mai. Notons tout de même que l’augmentation des prix de l’électricité rend aujourd’hui les centrales au gaz rentables sans subsides. Attention donc à ne pas octroyer une nouvelle rente aux géants de l’énergie fossile !
- Plus intéressant : le Gouvernement annonce qu’il travaille à la définition d’une nouvelle zone pour le développement de l’éolien en mer ainsi qu’au développement d’un nouveau mécanisme de soutien basé sur des appels d’offre. Il est crucial d’avancer si on veut disposer de capacités off-shore supplémentaires au moment critique de la fermeture des derniers réacteurs en 2025.
- Il nous confirme également son intention de mettre en place un tarif « énergie » spécial pour les industries d’ici l’été. Pour rappel, IEW demeure très critique par rapport à ce projet comme nous le soulignions d’ailleurs dans cette carte blanche publiée avec Test achats en avril. En résumé, nous estimons qu’il est crucial d’avoir une vision globale de la manière dont la transition énergétique sera financée avant de faire des cadeaux à un acteur.
2018 ou jamais ?
A ce stade, la désagréable impression demeure que le temps passe sans que les décisions cruciales ne soient prises. 2018 étant une année électorale, on sait qu’il sera de plus en plus difficile pour le Gouvernement fédéral (mais cela vaut pour les autres gouvernement aussi !) de tenir l’agenda de travail annoncé avant les vacances de Pâques. Or, le temps presse si on veut opérer un shift de notre modèle énergétique dans les 10 prochaines années. Rendez-vous est donc pris dans quelques semaines, au moment des premières échéances annoncées de l’agenda…