Le Ministre wallon de l’Environnement a annoncé fin décembre le financement d’une étude visant à mesurer l’exposition des riverains de zones agricoles aux pulvérisations de pesticides. Il a également initié une concertation en vue d’adopter des mesures concrètes permettant de réduire cette même exposition. La Fédération et Test-Achats se réjouissent de cette double initiative et insistent sur la nécessité d’agir dès à présent au regard de l’exposition importante des riverains induites par une agriculture fortement dépendante aux pesticides.
A la mi-décembre, le Ministre Carlo Di Antonio a annoncé le financement d’une étude menée conjointement par l’ISSeP, le CRA-W et Gembloux AgroBio Tech visant à mesurer l’exposition des citoyens wallons aux pulvérisations de produits phytopharmaceutiques. Menée à partir du printemps 2018, cette étude entrainera le placement de capteurs d’air et de projection en bordure de champs, dans des cours d’écoles ou dans tous sites publics à proximité de champs. Le Ministre a également initié une concertation afin de dégager des mesures qui pourraient être appliquées rapidement afin de réduire d’emblée l’exposition des riverains aux pesticides.
La Fédération Inter-Environnement Wallonie et Test-Achats se félicitent de ces mesures. La population wallonne est effectivement fortement exposée aux pesticides :
l’agriculture wallonne est intensive en termes d’utilisation de pesticides,
l’aménagement du territoire a favorisé l’existence de zones agricoles susceptibles d’être pulvérisées au sein de zones d’ habitats
et enfin, on assiste à une évolution de l’assolement qui augmente le risque d’exposition : la culture de la pomme de terre, par exemple, qui représente 12,5 % des surfaces cultivées en 2017, nécessite de 10 à 20 traitements annuels.
Des études ont mis en évidence des liens entre l’exposition des riverains et certaines maladies. Il existe ainsi une présomption forte de lien de cause à effet pour la maladie de Parkinson, la leucémie chez l’enfant en cas d’exposition prénatale ainsi que de nombreux troubles de neuro-développement et de la croissance fœtale. S’il faut regretter l’absence d’étude spécifique en Belgique, elle ne justifie pas l’inaction : des pesticides incriminés en Californie ou en France sont susceptibles de produire les mêmes effets en Wallonie. Notre Fédération et Test-Achats considèrent qu’il est urgent d’agir au regard des études existantes démontrant dans des situations comparables des incidences sur la santé des riverains.
Pour Inter-Environnement Wallonie et Test-Achats, le cadre réglementaire doit formaliser et renforcer certaines dispositions existantes ayant trait aux bonnes pratiques agricoles. Il s’agit de recourir de manière systématique à des buses anti-dérives, de traiter dans des conditions optimales en terme de vent et d’hygrométrie et de restreindre les pulvérisations en bordure de parcelles dès lors qu’elles jouxtent un lieu de travail, un lieu de loisirs ouvert au public ou un lieu d’habitation.
À ces mesures, viendraient s’ajouter des dispositions réglementaires préventives visant à limiter l’exposition des riverains en encadrant l’installation des cultures les plus intensives en termes d’utilisation de pesticides et en limitant le développement des cultures en zone d’habitat.
Enfin, IEW et Test-Achats proposent une approche complémentaire ciblée sur les situations les plus à risque, soit pour les riverains de vergers et les publics vulnérables (écoles, crèches, etc.). Cette approche serait cadrée afin de garantir des résultats concrets et une diversité de moyens autorisant une réelle négociation entre les parties.
La Fédération et Test-Achats inviteront également les autorités fédérales à mieux se saisir de ces questions lors de l’évaluation des risques des produits pesticides mis sur notre marché.
Contact presse :
Lionel Delvaux, chargé de missions « ruralité », IEW, 0497. 76 60 11
Valérie Xhonneux, chargée de missions « santé », IEW, 0472 476 419
Julie Frère, porte parole Test-Achats, 0495 52 82 35