« La seule porte de sortie est la réglementation des molécules à la source »
Depuis ce lundi, les habitants de Chièvres et Ronquières reçoivent leurs résultats du biomonitoring PFAS réalisé en janvier 2024.
Des résultats préoccupants
Une étude récente menée par l’Issep montre que dans la population wallonne, 95 % dépassent le seuil de 2 ng/ml dont 2.2 % sont au-delà de 20 ng/ml. A Chièvres, c’est 28% des testé·es qui dépassent les 20ng/ml. Des résultats particulièrement préoccupants.
Des implications en santé majeures
Si en dessous du premier seuil, 2ng/ml, il n’y a pas de suivi particulier, dès qu’on dépasse ces taux, un suivi complémentaire est demandé chez le médecin traitant. Ces personnes devront subir des mammographies préventives 10 ans plus tôt que les recommandations actuelles de santé, mais aussi des prises de sang pour suivre le cholestérol dès l’enfance (9 ans). Pour les personnes dépassant le seuil des 20ng/ml, il faudra dépister des maladies telles que le cancer des testicules, la colite ulcéreuse ou des troubles de la thyroïde.
Les implications en termes de santé publique sont donc majeures.
D’après Sarah De Munck, médecin et chargée de mission chez Canopea : « C’est une véritable révolution dans le monde de la santé ; nous sommes face à une contamination qui amène 95% de la population wallonne à devoir faire un suivi de santé particulier pour éviter certains cancers, une perturbation de la thyroïde ou du cholestérol. Pour les personnes dépassant les 20ng/ml, on peut estimer que cette pollution causera 2 200 cancers (rein et testicule confondus) sur toute la Belgique, sans compter les cancers du sein et les maladies cardiovasculaires associées aux perturbations du cholestérol. Nous sommes face à un évènement d’ampleur, la seule porte de sortie vers le haut est la règlementation de ces molécules à la source. »
Engagés, MR et PTB ont demandé une convocation de la ministre Tellier en commission de l’environnement, mécontents de la gestion de l’annonce de résultats aux participants. Ces querelles politiques ne doivent pas faire oublier les vrais enjeux : une régulation plus stricte de ces molécules en amont est la seule solution pérenne. Aujourd’hui, rien n’oblige une industrie à signifier la présence de PFAS dans les produits qu’elle commercialise, que ce soit un pesticide ou des emballages alimentaires.
La nouvelle majorité est attendue au tournant : jusqu’il y a peu, le MR s’est prononcé contre l’interdiction de ces molécules.
La commune de Chièvres a par ailleurs intenté une action en justice contre x suite à la communication de ces résultats. Les entreprises à l’origine des pollutions doivent être responsables des coûts inhérents aux dépollutions des sites et au suivi médical des populations impactées.
Si la restitution des résultats du biomonitoring PFAS est une première étape importante pour les citoyens de Chièvres et Ronquière, il n’en reste pas moins que les pollutions diverses de substances persistantes, bioaccumulables et toxiques sont légion sur le sol wallon.
Canopea espère que des mesures ambitieuses et concrètes en la matière figureront dans la déclaration de politique régionale du futur Gouvernement wallon.