PFAS : une interdiction à la source pour réellement protéger la population 

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Stop dangerous PFAS - Perfluoroalkyl and Polyfluoroalkyl Substances, synthetic organofluorine chemical compounds - Concept with stop road sign

Sur base de tests sanguins réalisés lors du biomonitoring, 95% des Wallonnes et des Wallons présentent une teneur en PFAS dans le sang supérieur au seuil de risque. C’est le chiffre qu’a mentionné ce mardi la ministre de l’Environnement, Céline Tellier, en audition au Parlement wallon. Face à l’ampleur de cette contamination généralisée et au vu de la grande persistance de ces substances, seule une interdiction totale d’utilisation permettra de limiter l’exposition de la population. Pourtant, certains partis politiques s’y opposent.  

L’ISSEP se base sur deux valeurs de référence sanitaires pour évaluer l’effet attendu des PFAS sur la santé :  

  • Sous 2 µg/l dans le sang : aucun effet n’est attendu sur la santé 
  • Entre 2 et 20 µg/l dans le sang : des effets néfastes sur la santé ne sont pas à exclure 
  • Au-delà de 20 µg/l dans le sang : des effets nocifs sur la santé à long terme sont possibles.  

La ministre de l’Environnement a ce mardi cité les chiffres issus du biomonitoring : 95% de la population wallonne présentent des concentrations dans le sang supérieures à 2 µg/l. En d’autres termes, pour 95% de la population wallonne, des effets néfastes sur la santé liés à une trop grande exposition aux PFAS ne sont pas à exclure.  

Plus tôt dans la semaine, un rapport de PAN Europe et de plusieurs ONGs européennes révélait une contamination généralisée des rivières européennes par le TFA, un produit de dégradation des PFAS. La Mehaigne, seule rivière wallonne à avoir été testée, se classe dans le top 3 du classement européen. Les pesticides utilisés à grande échelle dans la région sont clairement reconnus comme la source la plus probable de cette pollution, car les PFAS entrent dans la composition de nombreuses substances chimiques utilisées dans les cultures.  

Ces deux informations confirment une contamination généralisée de la population et de l’environnement par les PFAS et leurs produits de dégradation. Cette contamination pose un problème de santé publique majeur.  

Les PFAS sont des polluants extrêmement persistants, et s’accumulent dans l’organisme et dans l’environnement. Les PFAS seraient liés à une série d’effets sur la santé, tels que des effets sur le système immunitaire, sur la reproduction ou sur la fertilité. Ils pourraient également être liés à des cancers du rein et des testicules. Actuellement, les PFAS sont encore peu étudiés, et l’ampleur de la contamination potentiellement sous-estimée (seuls 7 PFAS sont analysés sur les centaines de substances qui composent cette famille). Beaucoup de ces substances, et leurs produits de dégradation, ne sont pas règlementés.   

Différentes sources de contamination sont connues. Des sources ponctuelles (mousses, incendies, rejets d’entreprises), mais également des sources beaucoup plus étendues. Les PFAS entrent notamment dans la composition de nombreux objets du quotidien tels que les cosmétiques, les ustensiles de cuisine ou les vêtements. Cependant, c’est par l’alimentation que la population semble être le plus exposée. En Belgique, des PFAS ont été retrouvés en quantités importantes dans de nombreux fruits et légumes par exemple. Les PFAS utilisés comme pesticides dans les cultures terminent in fine dans notre eau de distribution et dans nos assiettes.  

Face à l’ampleur de cette contamination généralisée et au vu de la grande persistance de ces substances, seule une interdiction totale d’utilisation permettra de limiter l’exposition de la population.  

En France, en avril 2024 et suite à des craintes similaires pour la santé publique, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à interdire l’utilisation des PFAS dans certains objets. En Belgique, c’est au fédéral qu’il appartient d’agir sur la question. Si certains partis se prononcent en faveur d’une interdiction pour des raisons de santé publique, d’autres préfèrent éluder la question comme en témoignent les échanges entre Ecolo et le MR au Parlement wallon.  

Au vu du risque de santé publique que représentent ces polluants éternels, Canopea attend du monde politique un positionnement fort sur l’interdiction totale d’utilisation des PFAS, y compris dans la fabrication de pesticides et dans les objets du quotidien.