La régulation de notre faune sauvage ouverte à la chasse pose de multiples problèmes qui trouvent leur origine dans la gestion du « gibier » déléguée par le législateur au seul monde cynégétique. En forêt, les surdensités de grands ongulés ont des incidences considérables sur la biodiversité, la régénération de la forêt et la qualité de la production sylvicole. En plaine, le mauvais état de conservation de notre faune sauvage résulte de la dégradation de ses habitats, aggravée par les lâchers à des fins de tirs. Qu’il s’agisse de la forêt ou des plaines, les pratiques cynégétiques contraires à l’éthique se maintiennent et s’accentuent au sein de certains territoires.
Si de nombreux chasseurs progressistes réalisent leur passion avec éthique et l’inscrivent dans une mission de gestion des écosystèmes, ceux-ci sont minorisés par les positions conservatrices et la vision monofonctionnelle défendues par leurs représentants en Wallonie.
Pour remédier à cette situation, la Fédération plaide pour une révision en profondeur de la Loi sur la chasse. La gestion de la faune sauvage doit impliquer toutes les parties prenantes de la ruralité et responsabiliser les chasseurs dans le cadre d’une chasse éthique et respectueuse du fonctionnement des écosystèmes et de la biodiversité. Cette réforme indispensable implique :
- une révision, à tous les niveaux, des organes de concertation pour y inclure les acteurs de la ruralité de manière équilibrée ;
- la suppression des dispositions permettant une gestion artificielle de la faune via :
- l’interdiction à terme du nourrissage supplétif et surtout du nourrissage dissuasif ;
- l’adoption de dispositions permettant de réaliser effectivement les plans de tir pour le cerf et les prélèvements en zone surdensitaire de sanglier et de chevreuil ;
- l’interdiction de toute clôture, à l’exception des clôtures installées par les gestionnaires de voiries et des clôtures à sangliers en bordure de massif forestier ;
- une extension de l’indemnisation des dégâts de gibier à la détérioration de la biodiversité ;
- l’introduction de dispositions éthiques (poussée silencieuse, …) dans le cahier des charges des chasses en forêt publique et d’un rapportage à ce sujet par les conseils cynégétiques ainsi que l’interdiction de tout lâcher, excepté pour des projets de repeuplement ;
- l’autorisation de chasser doit être liée à la participation et l’implication des territoires de chasse au sein des conseils cynégétiques, agréés pour chacune des espèces de « gibier » ;
La Fédération plaide également pour la définition d’objectifs qualitatifs et quantitatifs à atteindre, en termes d’indicateurs indirects, établis en concertation avec chaque conseil cynégétique. Sur cette base, les prélèvements des grands ongulés doivent être définis pour le cerf, à travers un plan de tir, pour le sanglier et éventuellement le chevreuil à travers un niveau de prélèvement annuel à ne pas dépasser (si ce n’est pour réduire le capital sur pied). Pour le petit « gibier », les prélèvements devraient être limités sur base de la viabilité des populations en place.
La Fédération défend également l’ouverture de tous les chemins et sentiers le dimanche au bénéfice des activités socio-récréatives.
La Fédération soutient la restauration d’un espace rural multifonctionnel laissant de la place à la faune sauvage notamment au sein des plaines agricoles, à travers l’instauration d’un seuil minimal d’éléments paysagers à maintenir et restaurer dans les exploitations agricoles.
Enfin, la révision du Code forestier fut une première étape pour inscrire la forêt dans une gestion durable. Celle-ci restera lettre morte tant que la Loi sur la chasse n’aura pas été révisée en profondeur pour intégrer cette notion de durabilité.
Position de la Fédération : Plaidoyer pour une révision de la Loi sur la chasse.
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