Un an après la fin de la consultation du public, l’ONDRAF (Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles) vient enfin de publier la version finale de son « Plan déchets ». Celui-ci rassemble les éléments nécessaires pour permettre au prochain gouvernement de prendre en connaissance de cause une décision de principe pour la gestion à long terme des déchets de haute radioactivité et/ou de longue durée de vie (dits « B » et « C »).
La Fédération Inter-Environnement Wallonie, à l’instar de quelque 2.700 autres particuliers ou organisations, avait fait parvenir ses remarques sur le projet de plan lors de la consultation publique. Nous ne partagions pas plusieurs des arguments présentés par l’Ondraf en faveur du dépôt géologique (enfouissement des déchets dans des couches profondes) préconisé par l’Ondraf et plaidions pour qu’aucune décision de principe ne soit prise aujourd’hui en faveur d’une option à vocation définitive et irréversible. Nous demandions de poursuivre la recherche sur la mise en dépôt géologique dans l’argile de Boom ainsi que dans d’autres formations géologiques appropriées. Selon notre analyse, d’autres solutions applicables dans notre pays devaient également être explorées en parallèle, notamment l’entreposage prolongé en surface. En attendant la mise au point d’une solution de stockage définitive la plus sûre possible, nous préconisions que les déchets soient entreposés provisoirement en surface de manière à faciliter un contrôle rigoureux.
Dans la version finale de son plan, l’ONDRAF maintient sa recommandation en faveur de la mise en dépôt géologique et écarte l’option d’un stockage provisoire en surface. Néanmoins, des modifications ont été apportés pour rencontrer certaines précoccupations des citoyens.
La garantie de contrôle et de récupération des déchets est devenue une condition au développement et à la réalisation d’une solution de dépôt géologique dont le périmètre reste toutefois à délimiter en concertation avec l’ensemble des parties prenantes.
La recherche et développement, en particulier sur les Argiles Yprésiennes en tant que roche alternative, sera renforcée en vue de répondre aux incertitudes relatives à la mise en dépôt dans l’argile. Par ailleurs, les principaux autres axes de la recherche et développement future ont été complétés de manière à couvrir plus explicitement les différents types d’incertitudes à étudier, notamment les impacts non radiologiques sur l’environnement et les conflits d’intérêts quant à l’utilisation du sous-sol, en ce compris l’eau potable.
La notion de « décision de principe » a été précisée : « Une telle décision est en effet par définition une décision prise en présence d’incertitudes, qui revêt donc un caractère conditionnel .» (p.6) Elle serait la première étape d’un processus décisionnel par étapes et adaptable.
L’ONDRAF assurera un suivi de l’évolution des connaissances relatives aux autres options de gestion à long terme (roches hôtes schisteuses, forages profonds, dépôts géologiques partagés).
Pour IEW, les modifications apportées vont indéniablement dans le bon sens… mais sans doute pas assez loin. Les incertitudes sur l’option défendue par l’ONDRAF reste trop importantes pour qu’une décision puisse être prise. Nous appelons donc à la poursuite de la recherche à la fois sur toutes les implications de cette option et sur les autres pistes pour la gestion à long terme des déchets radio-actifs les plus dangereux. Pour l’heure, le stockage en surface reste la solution la moins mauvaise…