Le Gouvernement wallon vient de mettre sur pied un plan d’action contre les pics de pollution. On se souviendra du cafouillage lors des épisodes de pollution de l’hiver 2007-2008. Si cela ne devrait plus se reproduire, reste que les émissions de particules fines ne sont pas (encore) appelées à diminuer rapidement et durablement.
Les Wallons, et plus particulièrement les Carolorégiens[Plus d’informations sur [ce lien ]], ont connu l’hiver dernier deux épisodes aigus de pollution de l’air. Le premier, en décembre, avait été l’objet d’un certain cafouillage entre ministres compétents. Les réactions adéquates furent tardives et la communication défaillante. Lors de l’épisode suivant, en février, c’est la différence des mesures appliquées dans les trois Régions du pays qui avait quelque peu surpris les citoyens : tandis qu’en Flandre des panneaux « Smog » obligeaient les conducteurs à ne pas dépasser le 90 km/h sous peine d’amende, en Wallonie, le Ministre « invitait » les conducteurs à se responsabiliser et à limiter d’eux-mêmes leur vitesse. Force est de constater que cela n’a pas fonctionné.
Dans la foulée du Plan Air-Climat[Voir [cet article ainsi que celui-ci ]] le Gouvernement se penche sur lesdits pics de pollution. Présenté le 3 octobre, le plan[Disponible en [version courte ainsi qu’en version longue ]] répond aux griefs adressés à la gestion des épisodes de pollution précédents. Cette fois, des procédures précises sont mises en place afin de réagir au mieux. Les types d’épisodes, l’étendue géographique ainsi que les phases (pré-alerte, alerte et fin d’alerte) sont détaillés dans le document, tout comme l’organigramme décisionnel en Wallonie. Les mesures sont claires, les responsables désignés, la coordination interrégionale systématisée et l’information largement diffusée par CELINE[ [La cellule Interrégionale pour l’Environnement ]]. Le cafouillage ne devrait donc plus être de mise, la communication entre les interlocuteurs et acteurs étant organisée.
Un important grief, cependant : les mesures structurelles pour réduire drastiquement les émissions de particules fines issues du transport ne font pas partie du plan. L’industrie, responsable de 64,4 % du total des émissions, fait bien l’objet de la directive NEC et les permis d’exploitation sont soumis à études d’incidences. Les obligations d’améliorations sont donc au programme. Par contre, le transport routier, responsable de 20,8% des émissions, n’est concerné que par les mesures conjoncturelles précitées. Rien n’est prévu pour réduire structurellement et durablement son impact. Or, à Liège, plusieurs centaines de personnes décèdent prématurément chaque année en raison d’une longue exposition à de fortes concentrations de particules fines[[38 microgrammes par mètre cube alors qu’à Anvers celle-ci est de 34 microgrammes/m3 et à Bruxelles de 32 microgrammes/m3]]. En termes de santé, l’exposition à un pic a une influence moins négative que l’exposition à long terme à des concentrations moyennes élevées. Le Belge vivrait en moyenne 13 mois de moins en raison de l’exposition aux concentrations actuelles de particules fines tandis que la moyenne européenne s’élève à 8 mois.
La Fédération s’interroge par ailleurs sur l’avenir de ce plan. Celui-ci n’est bétonné ni dans un décret ni dans un arrêté du Gouvernement. Que se passera-t-il au-delà de la législature ?[[Par exemple, quelle est la valeur juridique des procès-verbaux adressés aux automobilistes ?]] La Fédération espère qu’un programme de réduction des émissions de particules fines viendra rapidement compléter l’arsenal législatif wallon.