La thématique de l’eau n’est pas oubliée dans cette nouvelle Déclaration de politique régionale (DPR) avec certes de bonnes intentions mais peu d’ambition et, à ce stade, peu de propositions concrètes pour restaurer le bon état des masses d’eau. Si on perçoit la volonté d’assurer la qualité des services liés à l’eau avec la préoccupation de maîtrise des coûts, on regrette que ce gouvernement « de la transition » ne propose rien pour faire face au phénomène de sécheresse et à ses conséquences.
Pas de grande révolution dans la politique wallonne de l’eau mais les intentions de ce nouveau gouvernement sont plutôt bonnes en matière de gouvernance, de maîtrise du prix de l’eau, d’optimisation de l’utilisation des moyens pour garantir l’accès à l’eau des familles en difficulté ou encore de mise en œuvre de la certification « eau » des bâtiments avec incitants pour mise en conformité.
IEW salue la proposition d’encourager la consommation d’eau de distribution dans l’Horeca, lieux publics et administrations. On relèvera la cohérence dont fait preuve ce gouvernement puisque la possibilité d’une alternative aux millions de bouteilles, fussent-elles en plastique recyclable ou en verre réutilisable, est en ligne avec la volonté d’inscrire la Wallonie dans une logique « zéro déchet », de réduire l’usage des plastiques et de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.
Sur les objectifs de protection de la ressource et d’amélioration de la qualité des masses d’eau, la DPR reste très évasive et on imagine que les prochains plans de gestion par districts hydrographiques (PGDH 2021-2027) constitueront le principal cadre de mise en œuvre d’une série de mesures plus concrètes. Rappelons que selon les échéances inscrites dans la Directive Cadre Eau, ces PHDG sont normalement le dernier cycle pour atteindre le bon état des masses d’eau. La Wallonie devra relever le niveau d’ambition de ces prochains plans de gestion pour permettre d’améliorer l’état d’un maximum de masses d’eau (de surface et souterraines). De même, certaines finalités plus ciblées comme la restauration hydromorphologique, la « reconquête » de la qualité des eaux de baignade ou encore la prévention des polluants émergents devront être précisées et assorties d’objectifs à atteindre, d’un calendrier de mise en œuvre d’actions ciblées et d’un cadre budgétaire.
Si le lien entre agriculture durable et préservation de la ressource en eau est établi, la DPR ne cible que la problématique de l’azote, en proposant d’agir via le cadre législatif qui traite cette question (PGDA[1]). Or la qualité des eaux est également affectée par l’usage des pesticides. Des mesures ciblant ce problème devront être développées, via notamment le Programme wallon de Réduction des Pesticides et une stratégie agricole wallonne qui diminuerait la dépendance de l’agriculture aux pesticides.
Un élément fait figure de grand absent dans ce chapitre consacré à l’eau : une stratégie « sécheresse ». C’est plutôt étonnant pour un gouvernement qui semble prendre la mesure des interactions entre enjeux écologiques, économiques et sociaux car le phénomène de sécheresse, amené à se répéter avec le changement climatique, a des conséquences potentielles sur tous les secteurs de notre société. Il convient de développer une approche trans-disciplinaire qui traite non seulement des problèmes quantitatifs mais aussi qualitatifs et de leurs conséquences sur les différents usages de l’eau (approvisionnement en eau pour le ménages et les entreprises, agriculture, approvisionnement énergétique, biodiversité, fonctions biologiques, etc). L’invitation au Gouvernement est donc lancée d’élaborer une stratégie concertée qui permettra à la Wallonie d’être plus résiliente face à ces épisodes de sécheresse.
Bilan en demi-teinte donc pour ce volet de la DPR consacré à
l’eau. Le nouveau gouvernement ne doit pas se contenter du business as usual
mais doit réellement considérer la préservation de l’or bleu comme un facteur
de résilience dans cette Wallonie en transition.
[1] Programme de gestion durable de l’azote