Politique wallonne de l’eau : au boulot !

Souvenez-vous, il y a un an environ, l’enquête publique sur les premiers plans de gestion par district hydrographique se terminait. Vous aviez été nombreux (76 personnes et associations) à soutenir les propositions d’Inter-Environnement Wallonie pour une politique de l’eau enfin ambitieuse en Wallonie.

Le 27 juin 2013, le Gouvernement a enfin adopté ces premiers plans de gestion. Si les commentaires portant sur la forme des documents ont bien été intégrés, les propositions de fond amenées par l’enquête publique ont été laissées sur le côté. Certes ces plans étaient urgemment nécessaires, puisque la Wallonie accusait pas moins de 3 ans et demi de retard dans le processus européen, mais il n’en reste pas moins qu’en l’état, ils constituent le minimum attendu en terme de mesures.

Les deuxièmes plans de gestion se doivent de redresser la barre : le retard de la Wallonie aussi bien en matière de procédure que de mesures doit se résorber le plus rapidement possible. C’est pourquoi une nouvelle enquête publique a lieu actuellement. Elle porte sur les « questions importantes » en vue d’élaborer rapidement les deuxièmes plans de gestion par district hydrographique, à adopter pour décembre 2015 et qui couvriront la période 2016 – 2021.

Ces questions importantes se doivent de lister les principaux enjeux auxquels est confrontée la gestion de l’eau en Wallonie : elles couvrent à la fois les questions qui restent importantes car non complètement résolues par les premiers plans, et de nouvelles questions, plus récentes, telle la question des polluants émergents (produits chimiques et pharmaceutiques notamment).

Les questions importantes présentées dans la brochure soumise à enquête publique sont les suivantes :

 Pollutions diffuses: encourager les pratiques visant la protection des ressources et des milieux aquatiques

 Gestion des eaux usées : des rejets maitrisés et de nouvelles priorités

 Eliminer les substances polluantes dangereuses pour l’environnement

 Préserver et restaurer les milieux aquatiques

 Prendre en compte les impacts du changement climatique

 Gérer les risques d’inondation

 Valoriser et protéger les ressources stratégiques en eau souterraine

 Renforcer la coopération interrégionale et internationale

 Sensibiliser et mieux informer le grand public et les responsables locaux

 Concilier le développement des énergies renouvelables associées à l’eau et la protection des milieux aquatiques

 Un prix de l’eau maîtrisé et des contributions équitables pour un financement durable de la gestion de l’eau

Pour la Fédération, ces questions restent bien toutes d’actualité, malgré l’adoption des premiers plans de gestion. Le travail à effectuer est encore important sur tous ces points, et pour certains (notamment la problématique des substances polluantes émergentes) tout reste à faire, et les solutions ne seront pas faciles à mettre en œuvre. Ces questions sont par ailleurs cohérentes avec les principales propositions de mesures faites par la Fédération lors de l’enquête publique sur les premiers plans de gestion :

 élargissement de la récupération du coût des services liés à l’eau à l’ensemble des usages de l’eau, y compris l’irrigation, le transport fluvial et l’ensemble des activités récréatives (kayaks, etc.) ;

 obligation d’installer des bandes enherbées d’au-moins 6m de large le long des cours d’eau;

 interdiction de vente libre des pesticides aux ménages et l’obligation de passer par un vendeur professionnel ;

 mise en place d’un programme d’élimination des rejets en substances prioritaires dangereuses dans les rejets industriels wallons ;

 lutte contre l’imperméabilisation des sols via l’aménagement du territoire.

Si ces questions sont donc bien toutes pertinentes, elles ne semblent pas toutes se dessiner au même niveau de priorité. Ainsi, en ce qui concerne l’assainissement, la Wallonie a déjà bien entamé les chantiers dans les zones d’épuration collective (à l’exception des zones de moins de 2000 EH) tandis que la situation dans les zones d’épuration autonome ne s’améliore pas en raison d’un taux d’équipement trop faible et de l’absence de contrôle du bon entretien de ces installations. La question se pose donc plutôt d’une politique d’assainissement des eaux en milieu rural. Sur la question des pollutions diffuses, malgré les mesures déjà mises en place (PGDA, assainissement de sites pollués etc), la force des pressions urbaines, agricoles et industrielles est telle qu’une amélioration de situation nécessitera des mesures plus drastiques que celles proposées par les premiers plans de gestion.

Globalement la brochure soumise à enquête publique est de bonne qualité, pédagogique et claire. Parmi les points négatifs, notons malgré tout qu’une remise en contexte aurait été la bienvenue, avec un bref historique des étapes précédentes. Il est difficile pour un non spécialiste de savoir à quoi l’on répond.

La Wallonie tente donc de rattraper son retard, aussi bien le retard chronologique par rapport aux exigences européennes, que son retard en politique de l’eau. A chacun de faire connaitre son avis sur le sujet dans cette enquête publique, et à nos futurs élus régionaux de se montrer à la hauteur des attentes des citoyens.