La Région wallonne et Formula one Association, la société de Bernie Ecclestone, ont signé la convention réglant les aspects commerciaux du retour de la Formule 1 à Francorchamps. A l’heure où des signaux forts en matière de maîtrise énergétique, contrôle de la pollution et lutte contre l’insécurité routière s’imposent, Inter-Environnement Wallonie regrette qu’une autorité publique aie jugé bon d’investir dans une activité dont la nature et les valeurs vont à l’encontre de l’intérêt général.
C’est désormais officiel : dès 2007, le Grand-Prix de Formule 1 sera de retour à Spa-Francorchamps. La nouvelle réjouira les amateurs de sport automobile, les commerçants locaux et tous ceux qui veulent voir dans la F1 un moteur du rayonnement de la Wallonie.
Le contexte dans lequel ce retour s’inscrit devrait par contre interpeller l’ensemble des citoyens. Le Gouvernement wallon, autorité publique garante de l’intérêt général, s’est en effet impliqué grandement et a investi massivement dans l’opération[[Pour la seule édition 2007, l’investissement public, travaux compris, sera au minium 100 fois supérieur à celui dévolu à la Semaine de la Mobilité en Région wallonne et, toujours au minimum, trois fois supérieur au budget annuel de tout le Sport en Communauté française…]]. Or, la nature de l’événement et les valeurs qu’il véhicule vont à l’encontre de celles que des gouvernants responsables se doivent de prôner aujourd’hui. Inter-Environnement Wallonie, fédération regroupant plus de 140 associations environnementales, déplore donc cet accord dans lequel elle voit une incohérence politique.
Tous les signaux concernant les ressources énergétiques, la pollution atmosphérique et les changements climatiques sont aujourd’hui au rouge et appellent des mesures urgentes qui apparaîtront d’autant plus radicales qu’elles seront retardées. « Une vérité qui dérange », le film d’Al Gore sorti – hasard du calendrier- ce mercredi constitue à cet égard un témoignage édifiant. Il s’avère dès lors difficile de comprendre comment un Gouvernement peut s’engager dans la promotion d’une activité qui constitue une véritable apologie de comportements irresponsables. Ainsi, alors que des efforts considérables sont entrepris pour réduire la consommation des voitures et camions, une F1 englouti plus de 60 litres aux 100 km… De même, tandis que le Parlement européen recommande d’imposer au secteur automobile, responsable de près d’un quart des gaz à effet de serre, des normes d’émissions de 80 à 100gCO2/km, une F1 en produit allègrement 1400…
On peut par ailleurs s’interroger sur les valeurs exemplatives véhiculées par cette course. Le phénomène d’émulation traditionnellement lié au sport de haut niveau semble ici surtout susceptible de donner de mauvaises idées à des champions du dimanche avides de prouver leur maîtrise de la conduite et leur pointe de vitesse sur la voie publique. C’est là un fameux pied de nez aux campagnes de sécurité routière…
Quand les discours politiques énoncent et les urgences exigent « sobriété énergétique », « lutte contre l’effet de serre », « sécurisation des routes », « promotion de la mobilité durable », est-il normal que des pouvoirs publics se fassent – même indirectement – les chantres du gaspillage, de la pollution et de la vitesse ? Poser la question, c’est y répondre…