La santé et le bien être humain sont indiscutablement liés à la qualité de l’environnement. Un nouveau rapport de l’Agence européenne de l’environnement pointe plusieurs enjeux en la matière : substances chimiques, nanomatériaux, ondes électromagnétiques, mais aussi radon et qualité de l’air intérieur. Les recommandations formulées par l’AEE méritent quelque attention…
Comme le pointe le rapport de l’AEE « Environment and Human Health », la qualité de l’environnement européen s’est considérable amélioré cette dernière décennie. Mais alors que l’espérance de vie s’allonge, l’espérance de vie sans incapacité, elle, diminue. En Europe, les maladies non transmissibles constituent la plus grande charge de mortalité et de morbidité. Leur origine est encore insuffisamment comprise, mais il est clair que l’exposition à la pollution de l’air, au bruit, aux substances chimiques, aux radiations, aux agents biologiques et de manière générale à un environnement dégradé ont une influence loin d’être négligeable. Par ailleurs, les inégalités de santé restent considérables et s’amplifient, les populations ayant les revenus les plus faibles étant plus exposées à des environnements dégradés, et aux impacts qui en découlent (Voir à ce sujet le rapport de la Fondation Roi Baudouin : L’inégalité sociale en matière de santé reste tenace en Belgique).
Parmi les points clés de l’AEE figure la question de la qualité de l’air intérieur. Rappelons quelques éléments essentiels : les niveaux de polluants qui sont rencontrés à l’intérieur sont souvent plus élevés que ceux mesurés à l’extérieur. Les citoyens européens passant plus de 85% de leur temps à l’intérieur, l’air qu’on y retrouve a donc une influence considérable sur l’exposition individuelle à divers contaminants. L’exposition aux substances chimiques, aux particules fines, aux poussières, moisissures et aux agents biologiques sont liés à l’augmentation de prévalence de symptômes respiratoires, d’allergies, d’asthme ainsi qu’à des perturbations du système immunitaire.
Ces constats ne sont pas neufs. Pourtant, à l’exception du tabac et de quelques standards de ventilation dans les bâtiments résidentiels et non résidentiels, il n’existe toujours aucune législation européenne spécifique à la qualité de l’air intérieur. Au niveau national, plusieurs initiatives ont été développées : le plan d’action national environnement santé (NEHAP), le plan fédéral relatif à la qualité de l’air, combiné au plan fédéral d’action Politique intégrée des produits, le plan d’actions wallon sur le radon sont incontournables.
Toujours absent à l’appel, et ce malgré la demande formulée dans le cadre de la présidence belge de l’Union Européenne, et réitérée en 2011 par le Conseil des ministres: un cadre légal européen transversal, qui implique tous les acteurs et stakeholders stratégiques des domaines réglementaires liés aux questions de sécurité, de santé, d’efficacité énergétique et de durabilité. Une meilleure coordination des politiques, et notamment celles liées aux enjeux climatiques, à la qualité de l’air (intérieur et extérieur) et au bruit, est indispensable pour répondre à chacun de ces enjeux de la manière la plus optimale possible. Et d’atteindre, in fine, une meilleure protection de notre environnement et de notre santé.
Si l’Europe manque de volonté, la Belgique peut quant à elle profiter des discussions à venir pour transposer cette nécessité. Ainsi, la révision du plan wallon air-climat-énergie constitue une belle opportunité d’intégrer la question de la qualité de l’air intérieur aux politiques climatiques et de qualité de l’air extérieur. Cette intégration doit évidemment se faire en coordination avec la préparation du futur plan climat fédéral qui sera construit en cohérence avec les politiques liées à la pollution de l’air. Espérons que le gouvernement wallon se saisisse de cet enjeu et y réponde concrètement dans le futur plan wallon air-climat-énergie .