Face à la baisse des immatriculations de véhicules neufs, la FEBIAC (Fédération belge de l’industrie automobile et du cycle) demande que soit mise en place une « prime de recyclage » sensée tout à la fois soutenir le marché et avoir un effet positif en termes de protection de l’environnement.
Problème : le gains environnemental escompté risque fort de ne pas être au rendez-vous.
La Fédération Inter-Environnement Wallonie et Les Amis de la terre Belgique appellent donc les autorités politiques à ne pas céder à cette demande.
Les immatriculations de véhicules neufs en Belgique ont baissé de 16,11% en janvier 2009 par rapport à janvier 2008, confirmant une tendance qui s’est manifestée en octobre (- 6,83%), novembre (- 16,42%) et décembre (- 7,84%), malgré une année 2008 globalement positive (+ 2,1% par rapport à 2007).
Face à cette situation, la FEBIAC appelle de ses v½ux une « prime de recyclage » comparable à celles instaurées en France et en Allemagne. De quoi s’agit-il exactement ? En fait, d’une « prime à la casse », selon l’appellation adoptée en France : un propriétaire de véhicule ancien (plus de dix ans) se voit octroyer une prime si son véhicule est déclassé et remplacé par un nouveau.
Soutien clair au marché automobile, cette prime est également présentée comme favorable à la réduction des émissions polluantes. Mais la chose est loin d’être aussi évidente qu’on veut nous le faire croire.
Dans cette logique, en effet, un véhicule n’est censé polluer que durant sa phase d’utilisation. Or, selon une étude du JRC (Joint Research Center de la Commission européenne), la construction d’un véhicule neuf moyen produit quelque 4,8 tonnes de CO2 (soit l’équivalent de 30.000 km pour un modèle émettant 160 gCO2/km) et 1 kg de particules fines, soit l’équivalent de la pollution générée sur 40.000 km par une voiture diesel Euro 4. Le remplacement d’un véhicule ancien, si celui-ci ne roule pas beaucoup, ne se solde donc pas toujours pas un gain environnemental.
Une fois encore, l’environnement sert d’alibi alors que l’enjeu réel est le maintien sous perfusion d’une industrie en déclin. D’une industrie qui n’a pas su ni voulu identifier les prémices de son malaise actuel. Le parallèle est saisissant avec la situation de l’industrie lourde au cours des années 60 à 80. Faute du courage de regarder la réalité en face et de lancer les reconversions nécessaires, certains pays l’ont maintenue artificiellement en vie à coups d’aides publiques. Plus dure a été la chute…
La Fédération Inter-Environnement Wallonie et Les Amis de la Terre Belgique appellent donc les pouvoirs publics à ne pas se laisser abuser par le simplisme de la proposition de la FEBIAC et à investir non pas dans une industrie du passé mais dans des projets d’avenir. Des marchés nouveaux et des filons d’emplois inexploités existent en effet dans de nombreux secteurs véritablement environnementaux. C’est là que l’effort doit être mis.