A peine rentrés (trempés !) de notre visite du plateau des Trixhes à Flémalle, nous vous invitons à une autre descente sur le terrain, cette fois à Anvers, dans le vaste espace vert du parc Spoor Noord, le mardi 19 juin 2018. Une fois de plus, nous nous poserons la question qui anime nos Décodages de l’aménagement : « Qu’est-ce qui fait vivre un quartier ? » et nous tenterons de trouver d’autres significations possibles aux termes de densification et de mixité.
Le parc Spoor Noord était avant 2000 un faisceau de voies de chemin de fer, un « terrain inconnu » où la ville s’arrêtait. Comme une enclave entre des quartiers qui se parlaient peu, cette friche du Seefhoek est pourtant depuis lors devenue un véritable noyau, un attracteur pour toute la ville et, plus important encore, une libération pour les riverains.
Comment cela s’est-il passé ?
Pour faire bref, disons que la ville d’Anvers a tiré parti du départ de la SNCB pour solliciter des subsides « Politique Fédérale des Grandes Villes ». Elle n’avait pas d’argent dans les caisses, et pas vraiment d’idée de quoi faire avec ce long espace chaotique, ni de quel rôle il pourrait jouer dans le territoire urbain. Un concours d’urbanisme en 2002, dont Paola Vigano sort gagnante, établit que ce lieu va devenir un espace public. La gestion du projet prend ses quartiers dans la Damstation. Dès le début du chantier, de l’information sur ce qui se trame y est à disposition des citoyens, sous l’intitulé « Que va-t-on faire ici ? »
Les citoyens vont être impliqués via la participation, menée par des coalitions d’acteurs locaux dans des opérations intitulées « Tournée générale », en français dans le texte, « Park in zicht » qu’on peut traduire par « parc en vue » ou « parc à l’horizon », et « (On)bekend is (on)bemind », c’est-à-dire « (in-)connu est (mal-)aimé », une allusion à la nécessaire construction de liens entre personnes, et entre personnes et lieux. Aucun profil n’était rejeté par les animateurs et la coordination elle-même s’honorait d’endosser plusieurs attitudes, du rêveur au chef d’orchestre en passant par l’oreille attentive. Ce processus haut en couleurs s’est déroulé entre 2003 et 2007 avec comme point d’orgue les fêtes d’inauguration, en 2008 et 2009.
En 2003, les affiches « Parc en vue » sont apposées sur les grillages autour du futur espace public. Image tirée du site Antwerpen Morgen (https://www.antwerpenmorgen.be/projecten/park-spoor-noord/tijdlijn)
Dans les faits, le phénomène a pris d’autant plus d’ampleur que les horizons du projet ont été poussés le plus loin possible. La communication était au départ dirigée vers le code postal 2060, mais le projet a éveillé la curiosité des autres quartiers. Du coup, le parc est devenu le projet d’Anvers au grand complet.
Les habitants ont eu de très bonnes idées. Ils ont demandé, via « Tournée générale », une plage de ville, un parcours santé et une piste de BMX – skate. Ils les ont obtenus. Mais pas à n’importe quel prix. Il était hors de question de sacrifier la verdure qui commençait à coloniser le site. La nature a aujourd’hui sa place dans une variété paysagère qui permet au parc de plaire à beaucoup d’utilisateurs. Au lieu de planter des arbres et de repiquer des annuelles, le parti a été plus proche de ce qui se passe sur un terrain laissé à l’abandon : les arbustes et buissons déjà installés lors de la cession de l’assiette ferroviaire ont été maintenus. La plupart des autres végétaux ont été semés, par le vent, les oiseaux ou les hommes, et non installés à l’âge adulte. Les graminées des talus sont surveillées, fauchées, rarement tondues. C’est à cette condition que le parc Spoor Noord peut se vanter de rétablir un semblant de biodiversité dans ce coin de ville qui croyait seulement manquer d’espaces publics et de lieux de loisirs gratuits.
Il n’y a pas de recette
Hardwin de Wever, de l’agence AG Vespa, qui a récemment présenté le parc à Bruxelles lors du Colloque « Dix ans d’espaces publics – Tien jaren openbare ruimten », le répète à volonté : « il n’y a pas de recette pour réussir un espace public. Il faut utiliser les ingrédients qui sont utilisables, c’est-à-dire ceux qui sont disponibles sur place ».
Les équipes de création anversoises ont pris acte de la structure du site industriel pour établir la topographie du parc. C’est cette structure préexistante qui offre des variations de relief et de perspectives très étonnants, des vues sans cesse renouvelées. Les liaisons avec les îlots densément habités qui encadrent le parc ont également déterminé sa physionomie : on doit pouvoir traverser le parc en flânant, mais aussi de manière directe et efficace. Pour cela, on doit pouvoir voir de loin où l’on va, que l’on soit un nouveau visiteur ou un habitué. La participation citoyenne a été prise très au sérieux dans l’élaboration du parc et dans la programmation d’événements. Où en est la gestion du site, aujourd’hui ? C’est ce que nous avons envie de découvrir avec vous, sur le terrain.
Avez-vous envie de découvrir cet espace urbain ? IEW enregistre dès à présent les inscriptions !
INFORMATIONS PRATIQUES
Mardi 19 juin 2018, en journée. Programme détaillé en construction.
Inscription obligatoire (mais gratuite !) : j.debruyne(at)iew.be
081 / 390 750
En savoir plus
- IEW avait déjà parlé du parc Spoor Noord dans la Lettre des CCATM n°82, dans la rubrique « Côté Nature » avec un article intitulé « Park Spoor Noord à Anvers : s’asseoir dans la verdure en pleine ville ». Le plan d’eau du parc illustre une nIEWs de 2015 consacrée à la politique de la ville en Wallonie.
- « Que va-t-on faire ici ? » La même interrogation pousse aujourd’hui des riverains à réclamer un arrêt pour le transport public qui tarde à se développer dans le quartier, alors que l’augmentation de la population est patente.
- Un peu de néerlandais et beaucoup d’images, voici le lien vers l’exposé sur le développement du parc Spoor Nord qu’Hardwin de Wever, de l’agence AG Vespa a donné lors du Colloque « Dix ans d’espaces publics – Tien jaren openbare ruimten » à Bruxelles le 30 novembre 2017.
- Cette formation d’IEW est reconnue par le Conseil fédéral des géomètres-experts (www.economie.fgov.be). Dès lors, les heures de formation suivies par des géomètres-experts peuvent faire l’objet d’une attestation. L’attestation est délivrée, sur demande du géomètre-expert, à l’issue de la formation. Le demandeur devra signaler aux organisateurs ses coordonnées complètes ainsi que son n° d’inscription GEO. Il devra signer un document attestant sa présence à la formation.
- A propos des enjeux environnementaux liés à la construction, nous attirons votre attention sur TOTEM, un projet implémenté par les trois région s de notre pays afin d’aider le secteur de la construction à objectiver et réduire les impacts environnementaux des bâtiments. Des séminaires sont organisés, dont un à Namur, le 26 avril 2018 (inscriptions ici) TOTEM = [Tool to Optimise the Total Environmental impact of Materials]. Plus d’informations sur www.totem-building.behttps://event.icedd.be/email/20180312-totem/
Nos formations, la suite :
Le troisième Décodage de 2018 nous emmènera au Ry-Ponet, merveilleux espace rural et naturel aux frontières entre Chênée, Fléron, et Chaudfontaine, le mardi 11 septembre 2018.