Depuis 2008, le Code Forestier impose la rédaction d’un Plan d’Aménagement Forestier (PAF) pour toutes les forêts publiques de plus de 20Ha. L’objectif est d’éviter la surexploitation de la ressource forestière et d’assurer le respect de la multifonctionnalité de la forêt. Il constitue un outil indispensable pour la gestion durable de la forêt en privilégiant des forêts mélangées et diversifiées. Il fixe, pour une période de 32 ans, les grandes orientations en matière économique, sociale et environnementale.
La commune de Profondeville vient de soumettre à enquête publique un projet de PAF pour ses bois communaux, rédigé par le DNF (Département de la Nature et des Forêts). Le but principal de la commune est de renforcer l’accueil du public et le développement du tourisme.
Le Collectif Hulle, un groupe de citoyen·nes tout récemment créé, souhaite cependant que ce PAF soit plus ambitieux en matière de gestion durable de la forêt et qu’il intègre beaucoup plus les aspects « biodiversité » (plus de bois mort et d’arbres d’intérêt biologique, plus d’aires protégées, une sylviculture qui favorise réellement la résilience de la forêt, etc.).
En particulier, le bois de la Grande Hulle est reconnu comme Site de Grand Intérêt Biologique. C’est une forêt de pentes, parfois fort escarpées, qui occupe un méandre fossile de la Meuse et très fréquentée par le public. Elle abrite de nombreuses espèces emblématiques, dont la plus rare est certainement l’androsème (Hypericum androseamum), présente sur les zones de sources et de suintements, dont il n’existe que quelques stations en Wallonie. Or, sur les 225Ha repris au sein du SGIB (Site de grand intérêt biologique), la commune propose de ne protéger que 50Ha (qui couvrent essentiellement les stations de l’androsème) sous le statut de réserve biologie intégrale (RBI). De plus, ce statut de RBI, prévu par le code forestier, est moins fort que le statut de réserve naturelle domaniale (RND ; Loi de la conservation de la nature). Alors que l’accueil du public est l’objectif premier de ce PAF, une ambition plus affirmée pour mieux protéger ce massif forestier aux qualités biologiques exceptionnelles pourrait constituer un attrait important supplémentaire pour les promeneurs.
En parallèle, la Wallonie s’étant engagée à mettre sous statut de protection 5% de sa superficie totale (contre 1.5% à l’heure actuelle), il est préconisé de privilégier d’abord toutes les zones plus marginales, sur sols sensibles ou dans les zones en pentes, qui sont moins productives ou plus difficiles à exploiter. Or selon les données fournies par le PAF, 39% du massif de la Grande Hulle est sur forte, voire très forte pente, alors que les 50Ha proposés ne couvrent que pour 9% de la superficie.
Une pétition dans ce sens est en ligne, en voici le texte !
A Profondeville, nous sommes nombreux à profiter très fréquemment des magnifiques balades qui traversent les bois communaux. Si on peut se réjouir de cet accès privilégié à la nature qui apporte beaucoup de bien à chacun, nous constatons aussi que toute cette biodiversité est en grand danger.
Nous souhaitons que la commune de Profondeville modifie la gestion de ses bois communaux afin d’accorder une place nettement plus importante à la biodiversité. Il ne s’agit pas d’interdire l’exploitation forestière, la chasse ou encore l’accès à la forêt mais au contraire d’identifier les joyaux naturels dont nous disposons encore afin de tout mettre en œuvre pour les conserver au profit de toutes et tous et en priorité des générations futures.
Pour y arriver, nous demandons à la commune de Profondeville d’adopter les mesures qui suivent et de les mettre en œuvre sans délai :
- Créer la première réserve naturelle (RND) sur le territoire communal dans le Bois de la Grande Hulle, comme le recommandent les scientifiques du DEMNA (SPW), sur une surface de 150 hectares dans une forêt de versant particulièrement luxuriante au niveau biologique et largement parcourue par les touristes qui viennent découvrir un patrimoine naturel unique.
- Désigner en Réserve biologique intégrale, 30 % de la propriété forestière communale en priorité dans les sites Natura 2000, au sein de la future RND et dans les sols marginaux (fortes pentes, zones humides, etc.) difficiles à exploiter.
- Développer la Sylviculture Pro silva sur l’ensemble de la propriété communale, un modèle qui permet de concilier la coupe de bois et les multiples fonctions de la forêt.
- Agir sans délai pour identifier les arbres morts et les arbres d’intérêt biologique à conserver sur l’ensemble de la propriété communale afin de respecter complètement le code forestier au plus tard fin 2024.
- Mettre en œuvre de manière sincère et avec ambition la Circulaire biodiversité en forêt, en vigueur depuis 2000 et qui permet d’aller plus loin dans la protection de la biodiversité forestière en restaurant les lisières, en favorisant les très vieux bois ou encore en alimentant le stock de bois mort.
- Adopter la certification FSC qui permettra de valoriser au mieux les engagements adoptés et le bois issu de notre belle forêt. En matière de durabilité et notamment de biodiversité, le label FSC va plus loin que le label PEFC en garantissant des résultats initiaux et grâce à un plan de gestion basé sur des critères reconnus.
- Revoir les baux communaux de chasse pour interdire les pratiques de nourrissage, concentrer la gestion pour faire baisser les surdensités de sangliers et limiter la fermeture des forêts.
C’est le moment d’agir car la biodiversité forestière continue d’être malmenée. Certains batraciens comme la salamandre terrestre deviennent rarissimes tandis que le bois mort, maillon essentiel de l’écosystème forestier, reste bien trop peu présent.
C’est le moment d’agir car la commune de Profondeville est en passe de se doter d’un Programme d’aménagement forestier (enquête publique en cours du 16/10 au 29/11/2023), un document stratégique qui orientera la gestion de la forêt communale pour les 24 années à venir.
C’est le moment d’agir car la commune de Profondeville souhaite, à cette occasion, afficher une gestion durable de ses forêts en confirmant sa certification PEFC. Or, il serait inconcevable de considérer cette gestion réellement durable sans une prise en compte suffisante des enjeux biologiques. Aujourd’hui, nombre de situations observées dans les bois communaux de Profondeville démontrent que la biodiversité n’y est pas suffisamment prise en compte.
C’est le moment d’agir pour notre commune qui revendique volontiers un slogan engagé « Profondeville, couleurs nature ». Voilà l’opportunité parfaite pour le prouver.
La nature et la forêt vous remercient pour votre écoute et votre soutien.
Pour signer la pétition : ⬇️
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