Notre facture énergétique a fortement augmenté ces derniers mois a fortiori sur les contrats à prix variables. Cette crise a comme toujours entrainé des réactions vives et poussé les politiques à proposer des mesures peu réfléchies et court-termistes… N’est-ce pourtant pas le moment d’arrêter avec ces politiques du « nez dans le guidon » ?
Conjoncturel ou structurel ?
Si le montant de notre facture augmente, c’est avant tout parce que les prix de toutes les énergies (y compris celui de l’uranium de nos centrales) explosent sur les marchés internationaux. Pourquoi ? C’est que le « monde d’après », le monde « post covid » (vous vous souvenez du fameux « monde d’après » ? ) ressemble assez bien au monde d’avant en terme de dépendance à l’énergie (et aux ressources naturelles en général) ! Après avoir chuté en 2020, les prix repartent à la hausse avec la relance. A cela se sont ajoutées des tensions sur l’offre et la demande d’énergie fossiles. Un exemple parmi d’autres : la sécheresse en Chine qui a asséché les barrages alors que parallèlement la consommation due à l’air conditionné explosait avec la chaleur…
Mais d’autres mécanismes, plus structurels, sont à l’œuvre. La « planche à billets » a tourné à plein régime avec les plans de relance post-covid et cet amas d’argent nourrit forcément une augmentation des prix sur le long terme. N’en déplaise aux discours sur la « relance verte », une grosse partie de l’argent injecté par les banques centrales nourrit la spéculation sur les marchés, y compris du fossile… Ajoutons le rôle des politiques « pro gaz » menées dans différents pays européens (dont la Belgique) ou la récente soif de gaz de régions comme l’Asie ou encorele prix du carbone à la hausse sur le marché ETS européen.
On le voit cette flambée des prix est due à la fois à des facteurs conjoncturels (rattrapage, tension sur la demande… ) mais aussi à des tendances plus structurelles. Au final, on peut donc s’attendre à ce que les prix redescendent vite mais qu’ils resteront légèrement supérieur à ce qu’ils étaient avant la crise du COVID… (J’invite les lecteurs à me rappeler cette prévision dans quelques mois !)
Baisser notre dépendance à l’énergie
L’énergie va donc augmenter. Et même si cela peut sembler indécent aux belges qui peinent à payer leur facture, c’est une évolution nécessaire. Le prix au KWh de notre énergie reste bien trop bas si on le rapporte à leur impact sur la planète !
Mais si les prix au KWh augmentent, notre facture d’énergie elle, n’augmentera pas car nous diminuerons notre consommation d’énergie en proportion.
Et maintenant, la bonne nouvelle ! Il y a tellement de gaspillage d’énergie qu’il sera relativement simple de diminuer la consommation d’énergie tout en gardant un niveau de confort très élevé.
Rénover le parc de logement en mettant l’accent sur les populations précarisées qui vivent souvent dans les passoires énergétiques est de loin le meilleur moyen de baisser la facture d’énergie dans l’avenir. En wallonie, des fonds ont été dégagés pour la rénovation des logements sociaux. Par contre il reste beaucoup a faire pour lancer une vague de rénovation du logement privé.
Idem en matière de transport : quand mettra-t-on fin au règne des voitures surpuissantes et lourdes dévoreuses de carburant ou d’électricité (car une « grosse » électrique peut consommer 2X plus au KM qu’une « petite ») ? Et si on arrêtait de subventionner ces mastodontes ?
Enfin au-delà de la baisse de la consommation d’énergie, il existe milles solutions indolores pour consommer l’énergie quand elle est disponible, a fortiori si elle est produite localement (pour éviter les frais liés au transport d’énergie). Mais cela requiert d’urgence de prendre des mesures pour favoriser la flexibilité ou le développement des communautés d’énergie.
A court terme, lutter contre la précarité !
Lutter contre la précarité devrait être le cœur du débat politique sur cette question et c’est en priorité vers des mesures structurelles que doit se concentrer l’effort budgétaire et les aides octroyées aux ménages et aux entreprises.
Mais à court terme, il n’en demeure pas moins nécessaire de prendre des mesures pour lutter contre la précarité énergétique qui touche un quart des wallons ! Mais ces mesures doivent être ciblées. Stop aux mesures du type réduction de la TVA (ou toute autre partie de la facture de manière non ciblée) qui sont inégalitaires – car elles profitent principalement aux ménages les plus aisés – et qui diminuent la capacité de l’état à investir dans des solutions de long terme ! Concrètement, un tarif préférentiel ou tarif social plus avantageux ciblé sur les tous les ménages à bas revenu est donc une mesure positive.
Faire du prix un outil…
Le prix de l’énergie demeure un outil crucial pour orienter les comportements, même s’il ne s’agit pas d’une baguette magique et que d’autres outils existent. Le plus important avec ce « signal prix » ce n’est pas de punir du jour au lendemain des consommateurs, mais d’envoyer le message clair qu’à long terme, les comportements les plus polluants seront de plus en plus chers…
Malheureusement, les fluctuations sur les prix comme celle que nous observons aujourd’hui rendent ce « signal prix » illisible pour les consommateurs. Il serait dès lors crucial de réfléchir au moyen de stabiliser la hausse des prix. Des mécanismes amortisseurs (comme ceux qui existent déjà sur les accises) permettraient cette évolution. Dans cette logique, il est déterminant que l’électricité devienne – proportionnellement aux énergies fossiles – moins chère. Et ce, afin de stimuler des solutions type chauffage électrique à base de pompe à chaleur ou transport électriques (sobre), cruciales pour la transition.
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