La promotion des voitures, notamment leur publicité doit être régulée par les autorités publiques. Celles-ci ne peuvent plus tergiverser : la pollution de l’air détériore la santé des citoyens, l’urgence climatique est déclarée et l’évolution de la sécurité des usagers actifs est très inquiétante. Donner à l’industrie automobile des balises claires pour qu’elle s’inscrive dans une dynamique mobilité durable est un impératif post-covid incontournable.
La pandémie du coronavirus a eu raison de l’annuel Salon de l’automobile. Mais les publicités, majoritairement pour des voitures puissantes, rapides et massives, donc plus dangereuses et polluantes, continuent d’occuper les créneaux et espaces publicitaires des médias ainsi que les panneaux réservés à cet effet dans l’espace public. La Febiac diffusera d’ailleurs, les 9 et 11 janvier 2021, un magazine publicitaire – Auto 2021 – auprès de 2.000.000 de Belges[1].
L’objectif de cette campagne de promotion est de générer le désir d’achat d’un des « produits phares » des constructeurs automobiles, c’est-à-dire ceux qui leur assurent les marges bénéficiaires les plus confortables. Les chiffres l’indiquent clairement, le contexte sanitaire a accentué cette tendance[2]. Ce désir d’achat est alimenté à dessein par des plus-values symboliques attribuées aux véhicules et notamment aux véhicules les plus tendance du moment, les SUV. Ils promeuvent virilité, puissance, liberté et protection face aux « dangers extérieurs ». Et ça marche ! Ces véhicules sont en effet les champions toutes catégories de la croissance des ventes ces 10 dernières années. 2020 confirme ce succès : désormais « quatre voitures neuves sur dix ont une hauteur de caisse surélevée (…) et sont classés dans la catégorie SUV ou crossovers »[3].
« L’année 2020, exceptionnelle, se clôture sur une diminution des ventes d’une vingtaine de pourcents. Mais les tendances qui se dessinent, renforcées par la crise de la covid, sont l’arrêt de la production de petites citadines, d’une part, et le fait, d’autre part, que des marques de voitures dites de prestige (Bentley, Ferrari et Porsche) ou haut de gamme (BMW et Land Rover) – lourdes, puissantes et rapides – tirent leur épingle du jeu. Que la survie de l’industrie soit conditionnée par ces tendances renforcées, pour la seconde, par la publicité est très inquiétant » analyse Alain Geerts , chargé de mission « mobilité » à IEW.
La réalité que concourent à occulter ces campagnes publicitaires est bien connue : le climat se dérègle, la biodiversité s’effondre et la pollution de l’air est responsable de plus de 9.000 décès prématurés par an en Belgique[4]. La contribution de la mobilité automobile à ces phénomènes est conséquente. Il est aussi important de souligner l’augmentation de l’insécurité routière pour les usagers de plus petits véhicules ainsi que pour les usagers actifs que sont les piétons et les cyclistes ; sans compter l’espace occupé par la voiture en ville (et ailleurs) et l’augmentation des embouteillages…
Une coalition d’associations sensibles à ces conséquences négatives de l’automobilité et actrices dans le développement de solutions positives et curatives de mobilité durable profite de cet envoi massif d’un dépliant publicitaire par la FEBIAC pour demander aux autorités compétentes de tout mettre en œuvre pour réguler l’ incitation à l’achat de ces véhicules. Cette régulation est un complément absolument nécessaire aux mesures déjà prises comme les Zones 30 par exemple.
Cette coalition souhaite, concrètement :
- au mieux supprimer toute publicité pour les voitures ;
- si une progressivité s’avère nécessaire, interdire toute publicité pour les véhicules à moteur à combustion interne émettant plus de 95 gr/CO2/km ET pour tout véhicule dont le poids, la puissance et la vitesse sont excessifs et dont la forme de la face avant est dangereuses pour les autres usagers de la route.
Objectif ultime pour ces associations ? Que des normes de mise sur le marché soient édictées pour les véhicules « déraisonnables » afin qu’ils ne soient plus produits.
« Nous plaidons en effet pour la promotion et le développement rapide d’une mobilité alternative dans laquelle la voiture occupera une place modeste à côté des transports en commun et des modes de déplacement actifs – la marche et le vélo », conclut Aurélie Willems, Secrétaire générale du GRACQ.
Contacts presse :
Alain Geerts (FR), Inter-Environnement Wallonie, Mobilité, 0479 49 76 56
Aurélie Willems (FR), GRACQ-les cyclistes-quotidiens, secrétaire générale, 0478 70 11 51
Tim Cassiers (NL), BRAL, Mobiliteit, 0476 44 92 23
Associations signataires :
BRAL, stadsbeweging voor Brussel
Bruxsel’Air
GRACQ-les cyclistes-quotidiens
Fietsersbond
Heroes for Zero
Inter-Environnement Wallonie
Tous à pied
Critical Mass Brussels
[1] Communiqué du 28 octobre 2020 : Febiac et Mediahuis Advertising publient conjointement Auto 2021.
[2] Voir notamment : “Après Covid-19” : les publicités promeuvent des voitures toujours plus polluantes, https://www.canopea.be/apres-covid-19-les-publicites-promeuvent-des-voitures-toujours-plus-polluantes/
[3] Dossier de la Febiac, l’année 2020 en six constats, https://www.febiac.be/public/pressreleases.aspx?ID=1316&lang=FR
[4] Agence Européenne de l’environnement (AEE), Air quality in Europe -2019 rapport, téléchargeable ici : https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2019