Le 17 mai dernier, l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) a donné son feu vert au redémarrage des réacteurs Doel 3 et Tihange 2 mis à l’arrêt durant l’été 2012 suite à la découverte de microfissures dans leurs cuves. Inter-Environnement Wallonie (IEW), Bond Beter Leefmilieu (BBL), Inter-Environnement Bruxelles (IEB), Brusselse Raad voor het Leefmilieu (BRAL) et Greenpeace ont étudié les documents relatifs à l’évaluation ayant justifié cette décision. A la lumière de ces informations disponibles sur le site de l’AFCN, les ONG ont décidé d’interpeller l’Agence afin d’obtenir des données complémentaires sur différents points qu’elles jugent préoccupants. La demande reste à ce jour lettre morte…
Les ONG environnementales ont adressé en date du 11 septembre 2013 un courrier officiel à Jan Bens, directeur général de l’AFCN. Elles y listent une dizaine de points qui leur posent questions et demandent que des éclaircissements leur soient apportés. Ces interrogations portent à la fois sur
la non-prise en compte de certains scénarios techniques ;
le rejet sans justification d’hypothèses formulées par des experts indépendants et/ou d’autres autorités de sureté nucléaire ;
l’anticipation des résultats d’études et de recherches toujours en cours.
En l’état actuel de leur connaissance du dossier, lEW, BBL, IEB, BRAL et Greenpeace considèrent que la décision de remise en marche des réacteurs fait fi du plus élémentaire principe de précaution, la résistance et donc la sécurité des cuves incriminées n’ayant pas été établie avec certitude. Les organisations espèrent recevoir au plus vite les compléments d’information demandés à l’AFCN et que ces éléments les amèneront à reconsidérer leur jugement. Si tel ne devait pas être le cas, force serait de constater que le redémarrage de Doel 3 et Tihange 2 s’apparente à une partie de roulette russe où se joue la sécurité de dizaines de milliers de personnes…
Cette situation interpelle quant à la responsabilité aujourd’hui déléguée à l’autorité de contrôle de décider seule du redémarrage (ou non) d’une installation nucléaire. Pour les ONG environnementales, pareille décision devrait relever du pouvoir gouvernemental éclairé par une expertise non seulement technique mais également éthique.
La lettre envoyée à l’AFCN est consultable ici.