Les tests d’évaluation de la résistance, y compris dans des conditions extrêmes, de nos infrastructures nucléaires mettraient en évidence des faiblesses et lacunes nécessitant des investissements massifs pour y remédier. C’est le fonctionnement même de certains réacteurs qui est en cause, les plus problématiques étant les plus anciens: Doel 1, Doel 2 et Tihange 1.
Suite à la catastrophe de Fukushima, en mars dernier, les pays européens se sont accordés pour tester la résistance de leurss centrales nucléaires face à différents risques. Ces « stress tests » doivent permettre de vérifier, à la lumière des enseignements tirés du drame japonais, si les marges de sûreté existantes offrent des garanties suffisantes, y compris en cas de circonstances extrêmes.
Si l’intention de réévaluer la sécurité de nos réacteurs nucléaire est louable, la mise oeuvre de cette soulève de nombreuses questions et laisse craindre qu’il ne s’agisse là que d’un écran de fumée visant à rassurer l’opinion publique. Il est ainsi aberrant que ces stress tests soient réalisés par les opérateurs eux-mêmes et non par des experts indépendants, le secteur nucléaire se trouvant par conséquence à la fois juge et partie. Par ailleurs, les tests se composent principalement de calculs théoriques basés sur les données d’études pour la plupart antérieures à Fukushima et qui sont donc simplement reclyclées dans un nouveau rapport. Enfin, par-delà les centrales, le transport des déchets radioactifs de haute activité dans notre pays mais aussi les divers plans d’urgence auraient également dû être soumis à un examen critique. Il convient en outre de tenir compte du fait que nos installations nucléaires sont situées à proximité de zones densément peuplées (Anvers, Huy, Liège, Namur…) et les conséquences d’une catastrophe mériteraient dès lors de faire l’objet d’une évaluation socio-économique.
Selon le calendrier établi, Electrabel, l’opérateur de nos centrales, devait remettre pour le 31 octobre dernier son rapport final répondant aux spécifications établies par l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN). Ce rapport fait à présent l’objet d’une évaluation par l’AFCN qui donnera lieu à l’élaboration du « Rapport national sur les stress tests » à sortir pour le 31 décembre 2011, un rapport national qui sera soumis au regard des pairs internationaux pour fin avril 2012.
Un article du quotidien L’Echo révèlait hier que, selon une source proche du dossier, «le rapport [d’Electrabel] recommande des investissements importants, à réaliser principalement sur les trois premiers réacteurs (Doel 1, Doel 2 et Tihange 1) pour renforcer leur résistance aux différentes possibilités de risques, mais aussi leur fonctionnement». Même l’opérateur reconnaîtrait donc que la sécurité de ses infrastructures – et principalement des trois réacteurs les plus anciens – n’est plus aujourd’hui suffisante.
Si cette information est confirmée, ce résultat renforcerait encore les arguments en faveur de la fermeture des plus vieux réacteurs en 2015, conformément au calendrier prévu dans la loi de sortie progressive du nucléaire votée en 2003. Le nucléaire, coûteux et dangereux, appartient bel et bien au passé. Il importe désormais de se tourner résolument vers les énergies du futur, propres, renouvelables et génératrices d’emploi.