En juillet dernier, en plein conclave budgétaire, le Gouvernement wallon décidait l’instauration d’une taxe de 3 euros sur les billets d’avion au départ des aéroports de South-Brussels/Gosselies et Liège-Bierset. Inter-Environnement Wallonie avait alors salué cette mesure qui mettait un (léger) frein au traitement de faveur dont jouit le transport aérien.
Ce jeudi 26 septembre, en plein conclave budgétaire, le Gouvernement wallon a décidé de supprimer cette taxe… avant même qu’elle n’ait été opérationnalisée. IEW déplore ce revirement qui restera comme une occasion manquée d’affirmer une vision politique tournée vers l’avenir.
Comme à chaque prise de position, nous avions tourné sept fois le dossier dans notre tête avant de nous exprimer sur la décision arrêtée par le Gouvernement wallon en juillet. D’une part, elle nous apparaissait trop belle pour être vraie au regard de la complaisance dont l’exécutif wallon fait preuve envers son enfant chéri, le secteur aéroportuaire. D’autre part, nous constations que la mesure s’inscrivait « dans le cadre d’une recherche de rentrées supplémentaires et ne résulte pas d’une volonté claire et assumée de pénaliser les comportement nuisibles à l’environnement » ; sa finalité environnementale et son caractère pédagogique s’en trouvaient dès lors balayés, au sein du public, par la conviction d’un nouvel accès de rage taxatoire.
Nous avions toutefois préféré nous féliciter d’un premier pas – fut-il minime – dans la bonne direction plutôt que de nous laisser guider par nos doutes et notre envie de « mieux ». Force nous est aujourd’hui de constater que cette approche positive constituait une erreur…
L’explication officielle de la marche-arrière du Gouvernement wallon renforce encore son caractère déplorable : l’argent nécessaire à l’équilibre du budget régional aurait été trouvé ailleurs… Ce discours qui confirme explicitement le caractère exclusivement budgétaire de la taxe envisagée est désastreux. Il ancre en effet dans la population le sentiment d’une mesure sans légitimité et donc inacceptable.
Or, les 3 euros demandés ne constituaient qu’une maigre compensation des traitements de faveur dont jouit le secteur aérien : absence de TVA sur les billets, non-taxation du kérosène, etc. Sans compter les généreuses aides consenties pour le développement des infrastructures aéroportuaires régionales…
Considérer que cette mesure essentiellement symbolique – le montant de la taxe n’excédait pas le prix d’un café consommé à l’aéroport – était à même de menacer l’activité des deux aéroports concernés (comme leurs directeurs s’en étaient plaint, rejoints dans leur agacement par l’ineffable Michael O’Leary, patron de Ryanair), c’est témoigner d’une bien faible confiance en la santé économique de ces entités pourtant vantées pour leurs résultats exceptionnels. A contrario, céder face au mécontentement des opérateurs traduit la position de faiblesse dans laquelle l’exécutif wallon est – ou en tout cas se sent – face à ses interlocuteurs.
Inter-Environnement Wallonie déplore le choix des autorités wallonnes de continuer à favoriser une activité néfaste à l’environnement, à la plus-value économique limitée et aux perspectives bouchées – le modèle low-cost sur lequel les aéroports régionaux ont basé leur développement est condamné à moyen terme – plutôt que de s’inscrire dans une démarche résolument tournée vers l’avenir.