Tourisme à vélo : une expérience positive de simplicité volontaire

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Si vous avez essayé de vous déplacer en itinérant à vélo, vous aurez bien vite compris qu’il vaut mieux rationnaliser ses bagages et se limiter au strict nécessaire. Bannis les chaises, tenues de sorties, boucles d’oreilles, maquillage et autre robots de cuisine. Quelques tee-shirts, une tenue de pluie, le minimum requis pour dormir et l’un ou l’autre objet indispensable pour la survie feront partie des effets que vous essayerez d’avoir les plus légers possibles. Or, cette expérience de se limiter au minimum (tout relatif et compressible qu’est ce « minimum ») est, contre toutes attentes, un îlot de bien-être et de quiétude dans le « trop » et le « trop plein » que l’on a l’habitude de vivre au quotidien. De plus, cette absence d’objet dans notre entourage immédiat nous permet un contact plus intense avec notre environnement (et tant mieux s’il s’agit de la nature), avec nous-même et nos proches. En effet, la gestion du matériel nous prend, à notre insu, beaucoup de temps : il faut choisir, ranger, entretenir, etc. Les maux qui accablent notre planète ne sont-ils pas, en effet, les mêmes que ceux qui affectent notre bien-être mental : toujours plus, et au final, trop ! Donc, cette expérience à vélo – extrêmement bénéfique sur le plan personnel et sur le plan environnemental – peut en outre déteindre sur notre façon d’être au quotidien. Depuis que je fais ce type de voyages, j’ai pris conscience de la toxicité de cette quantité d’objets divers que j’avais tendance à entasser chez moi, ces rendez-vous qui se bousculent dans mon agenda. Je le savais, sur le plan environnemental, mais je l’ai réalisé sur le plan personnel : j’ai besoin de vide, de temps de silence et de moins consommer. Bien sûr, pédaler n’est pas de tout repos, mais la pratique du vélo nous pousse à trouver le juste rythme, celui qui nous permet de découvrir (et donc d’être dans le changement) sans nuire à notre environnement et à notre bien-être.

La chose intéressante, c’est qu’il semblerait que le tourisme à vélo ait le vent en poupe : en France, par exemple, pays qui a une politique active de stimulation du développement de ce secteur, la fréquentation moyenne des grands axes cyclables semble avoir globalement augmenté (12% entre 2013 et 2014 sur l’ensemble des axes[[Analyse des données de fréquentation vélo 2014, Départements et régions cyclables, avril 2015.]], 15% de 2010 à 2011 et de 2012 à 2013 pour les mois d’été sur les itinéraires dans la Loire[[http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=18651&page=rapports/bilan_2012/bilan_2012_tourisme.htm#e1 et http://www.frotsicentre.com/files/frotsi-centre/files/fichiers/premier_bilan_chiffre_2013.pdf]]).

L’état français souhaite stimuler le développement de ce secteur pour que la France puisse conserver sa position de « leader mondial » dans le domaine (après notamment les Pays-Bas et l’Allemagne). Des calculs ont été réalisés sur sa rentabilité : 16.500 emplois et un chiffre d’affaires total de 5 milliards d’euros en France, dont :

 44% pour le tourisme à vélo, soit 2 milliards d’euros, dont 50% en hébergement et restauration ;

 32% pour le commerce de cycles ;

 8% pour l’industrie du cycle.

La France continue à développer son réseau de vélo-route et voies vertes (8.000 km en 1998 et 20.000 prévus à terme)[Source : site du Ministère français de l’économie, Direction générale des entreprises : http://www.entreprises.gouv.fr/tourisme/tourisme-a-velo et compte-rendu de la Journée Technique « Tourisme à vélo et Offices de Tourisme », FNOTSI, 18/04/2011.]]. Un [site spécialisé a été conçu pour faciliter la vie des touristes qui voudraient se lancer dans l’aventure. Une stratégie a été élaborée à l’échelle nationale et repose sur plusieurs piliers : communication, marquage des itinéraires et signalétique, label des hébergements et autres sites qui accueillent les cyclistes dans certaines régions, mesure et benchmarking des résultats, identification des clientèles cibles, etc. Enfin, la France veut attirer une clientèle de cyclistes originaires du Nord de l’Europe (et notamment de la Belgique).

Cette politique française volontariste, intégrée et concertée (et ce qui se passe en Flandre aussi) peut-elle inspirer la Wallonie ? La Région a déjà entrepris certaines démarches (notamment la mise en œuvre du label « Bienvenue à vélo », la visibilité d’une partie de l’offre sur le site des organismes de promotion…), surtout en Wallonie picarde, mais pourrait très probablement bénéficier d’une offre plus visible, davantage développée et structurée.
NB pour ceux qui disent que le relief est un frein : il semblerait que la Suisse soit l’un des premiers pays à avoir lancé le tourisme à vélo !